Agréger différentes sources de VOD en OGG/Theora
24 Apr 2010Pour mes flux RSS, j’utilise l’outil tt-rss installé sur mon serveur, qui récupère régulièrement tous les flux auxquels je suis abonné.
Le but de ce billet est de mettre en place un mécanisme similaire qui s’applique aux sources de vidéo à la demande (pas forcément prévues pour être agrégées), et qui les convertit dans le format ouvert OGG/Theora (dans un répertoire rendu accessible par un serveur web tel qu’Apache), tout en parallélisant au maximum les différentes actions afin que le temps total de récupération soit minimal.
En particulier, il faut éviter de télécharger la première vidéo, puis de l’encoder, d’attendre que l’encodage soit terminé pour télécharger la seconde vidéo… Et si plusieurs CPU sont disponibles sur la machine, il faut donner un encodage à chaque processeur (l’encodeur theora ne sachant pas paralléliser l’encodage d’une seule vidéo).
Architecture
Pour cela, il y a donc 2 parties bien distinctes :
- un serveur d’encodage, qui s’occupe du démarrage et de la parallélisation des encodages ;
- des programmes de récupération brute pour chaque source de flux, qui demandent au serveur d’encodage de s’occuper de la conversion des fichiers récupérés.
Serveur d’encodage
Principe
Le serveur d’encodage gère plusieurs processus ouvriers (dans l’idéal, il faut configurer pour avoir autant de processus que de CPU sur la machine). Il attend de nouvelles tâches, et les transmet aux ouvriers disponibles, qui s’occupent de l’encodage. Si aucun ouvrier n’est disponible, il attend qu’un se libère.
Implémentation
Les demandes d’encodage se font grâce à un named pipe (aussi appelé FIFO), un
fichier un peu spécial créé avec mkfifo
. Chaque ligne représente une tâche.
Concrètement, une tâche est décrite par les paramètres à passer à
ffmpeg2theora
(l’encodeur theora), séparés par un séparateur (j’ai choisi
|
, qui a peu de chance d’être utilisé dans un nom de fichier). Pour les
puristes, je vous mets au défi d’utiliser comme séparateur \0
, tout en
conservant le mécanisme de file d’attente dans un fichier.
Un démon récupère les nouvelles lignes ajoutées au fichier, et les transmet une
à une aux ouvriers. Chaque ouvrier recrée le tableau des arguments en
redécoupant la ligne suivant le séparateur choisi, et le passe en paramètre de
ffmpeg2theora
(en y ajoutant toujours --nice 19
pour n’utiliser que le CPU
disponible, sans ralentir d’autres programmes en cours d’exécution).
Démon
Voici le programme démon (adapter le nombre de CPU)
(/usr/sbin/ffmpeg2theora-laterd
) :
Ce script fait donc exécuter par les ouvriers le programme
ffmpeg2theora-later-job
pour chacune des tâches, dont voici le code
(/usr/sbin/ffmpeg2theora-later-job
) :
Je vous conseille de prendre la dernière version de ffmpeg2theora, actuellement celle des dépôts est assez ancienne.
Le démon est à lancer une fois (et une seule !), au démarrage du système par
exemple (une solution est de l’ajouter dans /etc/rc.local
).
Client
Les clients (les programmes qui veulent demander un encodage) doivent appeler
ffmpeg2theora-later
, qui s’occupe d’écrire les paramètres séparés par |
dans
le FIFO (/usr/bin/ffmpeg2theora-later
) :
Son utilisation est extrêmement proche de ffmpeg2theora
(évidemment, puisqu’il
se contente de lui transmettre ses paramètres), à ceci près que les chemins
doivent être absolus (puisque le démon ne sait pas à partir de quel répertoire
la demande d’encodage a été effectuée).
Ainsi, là où on aurait utilisé, à partir de /tmp
:
ffmpeg2theora file.avi -o file.ogv -x 400 -y 300 -v 8 -a 3
on peut appeler :
ffmpeg2theora-later /tmp/file.avi -o /tmp/file.ogv -x 400 -y 300 -v 8 -a 3
Programmes de récupération
Principe
Les programmes de récupération font ce qui est nécessaire pour récupérer les vidéo à télécharger. Plusieurs outils sont bien utiles pour cela :
wget
si le fichier est disponible en HTTP (mais c’est rare) ;flvstreamer
pour récupérer les vidéos diffusées en Flash avec des liens enrtmp://
(anciennementrtmpdump
, je vous recommande le message adressé à Adobe de la part du développeur originel) ;mimms
pour récupérer les vidéos diffusées en WMV avec des liens enmms://
.
Pensez bien à ouvrir les ports nécessaires pour récupérer les vidéos (1935 par défaut pour les liens RTMP, 1755 pour MMS…).
Implémentation
Afin de rendre un peu indépendants les répertoires manipulés, j’ai décidé de
créer un script /usr/bin/vodget
qui appelle les programmes de récupération
avec 2 paramètres :
- le répertoire de téléchargement ;
- le répertoire destination.
Les programmes de récupération sont stockés dans /var/lib/vodget
.
Exemple
Voici un exemple qui récupère les guignols de l’info (Canal+)
(/var/lib/vodget/guignols
) :
Cet exemple est une implémentation qui a l’avantage d’être très courte, vous
pouvez aussi adapter des versions plus évoluées pour qu’elles
utilisent ffmpeg2theora-later
.
Un simple appel à :
vodget guignols
récupèrera les nouveaux épisodes et les encodera en OGG/Theora.
Il ne restera plus qu’à se rendre sur la page HTTP pointant sur le répertoire des vidéos avec un navigateur qui supporte le HTML5 et le codec OGG/Theora, pour pouvoir regarder les vidéos ainsi récupérées :
Bien sûr, les vidéos récupérées qui ne sont pas sous licence libre sont à usage personnel. Cela permet de regarder en VOD les épisodes dans un format ouvert, qui ne nécessite pas de programme propriétaire, ces vidéos ne doivent pas être placées sur un serveur public.
Démarrage programmé
Pour automatiser tout cela, il est possible de programmer périodiquement la récupération des nouvelles vidéos grâce à cron. Pour cela :
crontab -e
et ajouter la ligne qui-va-bien. Par exemple, pour récupérer les nouveaux épisodes des guignols tous les jours à 23 heures :
00 23 * * * vodget guignols
Améliorations
Techniquement, il faudrait gérer le démon par un script init.d, mais ça n’est pas si simple (si on arrête le service alors qu’une vidéo est en cours d’encodage et qu’on le redémarre, le nombre de CPU à utiliser ne sera plus respecté…).
Si vous êtes motivés, il est également possible de faire un beau site qui permette de regarder les vidéos en VOD, plutôt qu’une page qui liste simplement les fichiers récupérés.
Conclusion
Les différentes vidéos que je suis susceptible de regarder en VOD (que je ne regardais pas avant) sont maintenant disponibles sur mon serveur, lisible directement par mon navigateur.
On peut imaginer de nombreuses sources à aggréger :
- les sites de VOD des chaînes de télévision (Canal+, France5, M6…) ;
- des bandes-annonces cinéma ;
- des chaînes enregistrées en direct avec la TV sur ADSL ;
- le flux de l’Assemblée Nationale ou du Sénat ;
- …
Bien sûr, on aimerait mieux que les différentes sources fournissent des flux RSS pointant vers leurs vidéos, qu’ils diffuseraient eux-même en OGG/Theora. Mais on peut toujours attendre…
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