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Ce qui ne va pas dans l'iPad

Depuis la sortie de l’iPad d’Apple, de nombreux articles ont été écrits sur le sujet. Jusqu’ici je me contentais de donner mon point de vue dans les commentaires des articles, mais j’ai finalement décidé de regrouper certaines de mes interventions pour en faire un billet de blog, et ainsi rajouter mes 2 centimes à tout ce ramdam.

Liberté d’expression

Aussi bien l’iPhone que l’iPad portent atteinte à la liberté d’expression.

Un exemple est rapporté par Rue89 :

Mark Fiore s’est vu interdire son application iPhone, dont le but était de diffuser de petites animations. […] Son crime ? Apple considère que ces caricatures, « contiennent des éléments qui ridiculisent des personnages publics, en violation de la section 3.3.14 de l’iPhone Developer Program License Agreement. »

Voici ce que dit cette section :

Une application peut être rejetée si elle diffuse un contenu (texte, graphique, dessin, photo, son) qu’Apple juge désobligeant, par exemple un contenu pornographique, obscène ou diffamant.

Apple se fait juge à la place du juge, et décide arbitrairement de ce qui doit être censuré ou non.

Pourtant, l’article 11 de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 dit :

La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.

Pour des raisons évidentes, le terme “application” n’est pas présent dans le texte de l’article 11, mais on sent bien qu’une application peut être une forme d’expression, au même titre qu’un texte ou qu’une parole. En particulier, celle de l’exemple permettait de diffuser des animations, et son retrait a été exclusivement motivé par le fait qu’Apple les jugeait désobligeantes. Sans autre forme de procès.

Il s’agit clairement d’une restriction à la liberté d’expression (qui est une liberté fondamentale) sans intervention de l’autorité judiciaire. Et c’est justement sur ce point que la loi HADOPI 1 a été censurée par le Conseil Constitutionnel le 10 juin 2009, dans son considérant 12 :

Considérant qu’aux termes de l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 […] ; qu’en l’état actuel des moyens de communication et eu égard au développement généralisé des services de communication au public en ligne ainsi qu’à l’importance prise par ces services pour la participation à la vie démocratique et l’expression des idées et des opinions, ce droit implique la liberté d’accéder à ces services ;

(c’est toujours un plaisir de le relire)

L’iPhone Developer Program License Agreement ne semble donc pas compatible avec la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. Rien que ça.

Cette restriction de la liberté d’expression a certes moins de conséquences que celle proposée par l’HADOPI, mais elle prend de l’importance avec le nombre d’appareils vendus. On ne peut donc pas la négliger.

C’est LEUR produit, mais…

Cette politique est pourtant ardemment défendue par de nombreux fans, avec l’argument massue « iPad, c’est le produit d’Apple, ils font ce qu’ils veulent, si t’es pas content, va voir ailleurs ». Cet argument est bien sûr totalement fallacieux. Certes, c’est LEUR produit, mais qui est support de NOS données, de NOS accès, de NOS communications et d’une partie de NOTRE vie numérique… À partir de là, il est évident qu’ils n’ont pas la légitimité pour faire ce qu’ILS veulent.

De la même manière que si HP produit une imprimante, ils n’ont pas le droit de décider arbitrairement quels contenus NOUS avons le droit d’imprimer. Parce que c’est NOTRE contenu, pas le LEUR. Et ceci même si d’autres constructeurs produisent d’autres imprimantes.

Liberté d’utilisation

Les produits Apple sont souvent critiqués pour leur manque d’ouverture (c’est peu de le dire) et les restrictions à base de DRM intégrées à leur appareils. Ce qui leur vaut d’ailleurs le qualificatif de « défectueux par conception ». Pour répondre à ces critiques, l’argument du choix revient souvent : « si les utilisateurs l’achètent, c’est que cela ne les dérange pas, c’est leur choix ».

Certes, c’est leur choix. Mais d’une part, cela ne saurait interdire les critiques, et d’autre part, une question d’éducation est à prendre en compte. Pour expliciter ma pensée, je vais me risquer à une analogie avec Internet et les opérateurs. Dans les deux cas, le problème posé est celui de la neutralité.

Soit on a un accès Internet, auquel cas on a accès à tout (sauf dans certaines dictatures), soit on n’a pas d’accès Internet, auquel cas on n’a accès à rien. Une fois qu’on a un accès, ça ne coûte pas plus cher ni à l’utilisateur ni au fournisseur d’accès qu’on l’utilise pour faire du mail ou pour télécharger une page web. C’est LE fonctionnement intrinsèque d’Internet qui fait ça : le réseau ne différencie pas les contenus.

Mais pour un utilisateur lambda qui ne connaît pas Internet, si un opérateur lui propose un forfait mobile “Internet”, mais où l’option mail est à 2€/mois, l’option Twitter est à 1€/mois et l’option Facebook est à 1€/mois, ça pourrait lui paraître “logique” : plus il paie, plus il a accès à des services.

Nous, qui connaissons un peu Internet, comprenons bien que c’est inéquitable : l’opérateur a simplement mis en place un mécanisme qui permet de couper certains accès pour les revendre en plus en option, alors qu’aucune contrainte technique ni aucun investissement ne justifie cette facturation. Il s’agit ni plus ni moins d’une segmentation artificielle permettant de vendre plusieurs fois la même chose aux utilisateurs, cette pratique étant facilitée par l’ignorance d’une majorité de la population sur le fonctionnement d’Internet. Et ça mène à des dérives.

Là, c’est pareil, sur un ordinateur (au sens large), tout le monde a accès à tout, peut le bidouiller, y installer des programmes, ne pas être dépendant de tel ou tel éditeur, n’est pas contrôlé à distance par une entité maître. Chacun peut développer les applications et les mettre à la disposition des autres.

Sur un iPad, rien de tout cela. Seules les applications acceptées par le maître ont droit de vie, seulement si elles passent par le canal de distribution du maître (qui au passage force un monopole et permet une censure arbitraire). Le produit enferme les utilisateurs dans l’ensemble des technologies du maître (qui interdit d’utiliser autre chose). La liberté d’utilisation est donc sacrifiée.

Dire que si ça ne convenait pas aux gens ils n’achèteraient pas, c’est trop simpliste : combien de personnes ont conscience des enjeux qu’il y a derrière ? Les journaux papier et télévisés ne parlent que de « ce merveilleux appareil qui va sauver la presse »… Le grand public ne saura pas qu’il est possible d’avoir le contrôle de son ordinateur. De la même manière que le grand public pourrait ne pas savoir qu’Internet, ça comprend le mail et que ça n’est pas une option, si la neutralité du net n’est pas défendue…

Conclusion

Voilà les points importants que j’avais en tête à propos de l’iPad, qui restreint à la fois la liberté d’expression et la liberté d’utilisation. Il y aurait sans doute encore beaucoup de choses à dire sur le sujet…

Commentaires

D

C’est aussi vrais pour pas mal de produit :

Lecteur DVD zoner, Téléphone portable bridé, ya des vis a la con sur plein de produits, j’ai pas la main sur l’ordinateur de bord de ma voiture……

Bref les multinationales sont la pour se faire QUE du fric et qu’importe le reste.

[…] This post was mentioned on Twitter by Gwen, Vincent-Xavier JUMEL. Vincent-Xavier JUMEL said: ♻ @rom1v Ce qui ne va pas dans l’#ipad - http://is.gd/cBae5 #censure #freesoftware #netneutrality #hadopi […]

@D : bien sûr. C’est le principe de l’économie de marché. C’est la base de notre monde actuel, de l’économie actuelle. Peu importe où elle nous mène, le but d’une boîte est de faire des bénéfices, sinon elle coule. Vous n’irez faire croire à personne qu’à la tête d’une grande multinationale, vous iriez reverser 99,9% de votre salaire à la lutte contre le SIDA ou le cancer ; non, tout comme eux, vous garderez les sous gagnés dans votre poche, ce qui est normal et humain …

Pour réagir à l’article, un grand bravo. Comme quoi l’iPad est pourri jusqu’à la moelle physiquement, technologiquement, et moralement parlant. Chapeau.

kurokame

Il y a l’aspect écologique de l’engin, en prenant en compte aussi que sa durée de vie semble liée à celle de sa batterie.

Autre chose aussi qui me laisse perplexe, c’est cet engin vu comme un messie pour la vieille presse en mal de croissance à 2 chiffres : vision à court terme ou … ? Car choisir une entreprise tierce, de plus étrangère pour nos média franchouillards, qui contrôle leurs canaux de diffusion, ça ne me semble pas une stratégie véritablement rentable à long terme vu que le gâteau devient négociable avec un couvert en plus (et dont l’apétit peut être boosté par sa récente croissance boursière).

Certes, c’est LEUR produit, mais qui est support de NOS données, de NOS accès, de NOS communications et d’une partie de NOTRE vie numérique… À partir de là, il est évident qu’ils n’ont pas la légitimité pour faire ce qu’ILS veulent.

Faux. Cette machine ne donnant qu’un contrôle très relatif à l’utilisateur, il faudrait que celui-ci soit vraiment naïf pour considérer que les données qui y sont placées lui appartiennent encore. Nous sommes dans un monde capitaliste : les entreprises ont le droit de voler la liberté de l’utilisateur car celui-ci a validé un contrat les autorisant à le faire.

En fait, ce que tu dénonces dans ton article pourrait être dit de tous les produits qui privent les utilisateurs de liberté, typiquement : les logiciels propriétaires et les services centralisés. Apple n’est qu’un extrémiste du logiciel propriétaire et l’iPad n’est que la pire concrétisation de cet extrémisme. Mais il n’y a pas de quoi blâmer Apple en particulier.

De la même manière que si HP produit une imprimante, ils n’ont pas le droit de décider arbitrairement quels contenus NOUS avons le droit d’imprimer. Parce que c’est NOTRE contenu, pas le LEUR. Et ceci même si d’autres constructeurs produisent d’autres imprimantes.

Ben si justement, des machines qui décident quels types de contenus elles peuvent lire, ça existe (peut-être pas pour les imprimantes, encore que tout est possible). Mais ça tu le sais puisque tu évoques les DRM dans ton article.

Ceci dit c’est marrant que tu évoques les imprimantes (et sans doute pas innocent) puisque ça fait penser à un problème d’imprimante désormais celèbre qui eut lieu au AI lab du MIT au début des années 80, et grâce auquel aujourd’hui on peut se passer d’une bonne partie de ces softs qui nous privent de notre liberté…

Mais pour un utilisateur lambda qui ne connaît pas Internet, si un opérateur lui propose un forfait mobile « Internet », mais où l’option mail est à 2€/mois, l’option Twitter est à 1€/mois et l’option Facebook est à 1€/mois, ça pourrait lui paraître « logique » : plus il paie, plus il a accès à des services.

Ça pour le coup c’est un vrai problème. Et c’est dommage que, dans ton article, tu ne lui attaches qu’un statut d’analogie, car le problème se pose effectivement avec l’iPad, qui est si je ne m’abuse capable de se connecter au réseau mobile en 3G.

Car contrairement au software Orwellien et au hardware préhistorique de cette machine, le réseau de communication mobile ne présente pas d’alternative libératrice pour l’utilisateur et n’en présentera certainement jamais, le nombre de bandes de fréquences pouvant être attribuées aux opérateurs étant limité. Dans le monde du réseau mobile, la concurrence n’existe tout simplement pas.

S’il y’a quelque chose d’effectivement critiquable dans les choses que tu évoques, c’est bien ces histoires de réseau mobile, où on voit mal autre chose que la loi défendre la liberté du citoyen face aux pratiques des opérateurs. Mais présenter Apple en dictature pour ses pratiques liberticides relève à mon sens du pléonasme.

Intéressant cet article, mais quelque chose me chiffonne. J’ai l’impression que la première partie va un peu vite en besogne sur la liberté d’expression. Apple limite/censure les applications qui vont être déposées sur sa plateforme. Doit-on crier à l’atteinte à la liberté d’expression si mon buraliste m’empêche de mettre un journal que j’aurais écrit sur SES étales ? De même je n’ai pas le droit de tagguer mes idées sur le mur ou la voiture du voisin.

Si l’on veut être rigoureux, il ne suffit pas de rapprocher les idées et de mettre un “donc” et un “clairement” entre les deux. Quand on regarde les définitions de la liberté d’expression qu’on peut trouver un peu partout, on ne voit nulle part dit que chacun pourra dire n’importe quoi n’importe où et dans n’importe quelle condition. La notion c’est plutôt que les gens ne doivent pas être inquiétés / subir des pressions pour les idées qu’ils véhiculent. Et encore, il y a des limites à cela, ne serait-ce que parce que la liberté d’expression n’est pas la seule liberté fondamentale et qu’il faut bien faire cohabiter toutes ces notions qui sont parfois antagonistes…

Evidemment je ne dis pas que j’approuve ou cautionne ce que fait Apple, loin de là. Je ne demande qu’à être convaincu avec une explication plus détaillée :)

bill

Article bien construit et très intéressant. Mais si on y regarde de plus près, il est en théorie possible de faire ce que l’on veut de l’iPad sans avoir à demander la permission à Apple. A la manière d’une télévision ou d’un ordinateur de bord d’une voiture, rien ne nous empêche de bidouiller et de changer le logiciel par celui de notre choix.

En fait, les deux problèmes qui se posent sont la loi (un logiciel non homologué sur une voiture peut présenter un réel danger pour les autres usagers de la route) et l’absence de documentation. Ce deuxième point est en fait le seul problème en ce qui concerne l’iPad (ou la télé du salon, la cafetière etc.).

Face à cette observation, une conclusion me vient à l’esprit : Si je veux bénéficier (?) d’un iPad et en même temps pouvoir en faire ce que je veux librement, j’ai qu’à l’acheter et remplacer le logiciel par celui de mon choix. Bien entendu, je ne dois plus compter sur Apple pour m’aider en cas de problème. Cette remarque est aussi vraie pour la télévision ou le radio réveil.

De même que monsieur IKEA ne viendra jamais chez moi pour me confisquer la pendule que j’ai bricolé, Apple ne me privera pas de l’appareil que j’aurai “libéré” par mes propres moyens.

PatatoOor

Apple ne limite en aucun cas l’accès aux sites internet, tu peux donc consulter tout ce que tu souhaites.

Ton argumentation tombe un peu à l’eau…

JB, tu dis :

Doit-on crier à l’atteinte à la liberté d’expression si mon buraliste m’empêche de mettre un journal que j’aurais écrit sur SES étales ?

Dans le cas des apareils à Apple, c’est comme si on serait dans un univers où un seul buraliste existerait légalement, donc oui dans notre cas ça devient une atteinte aux liberté d’expression.

même ma machine a café nespresso est bridé :)

Sans rire, j’ai renoncé a la réparer aprés avoir constaté que je n’avais aucun outil pour devisser leurs vis propiètaire !

Et vive le i-minitel ;) http://www.i-minitel.com

obrowny

@PatatoOor

Apple ne limite en aucun cas l’accès aux sites internet, tu peux donc consulter tout ce que tu souhaites. Ton argumentation tombe un peu à l’eau…

Sauf qu’aucun site en flash ne peut être consulté… et ça ne concerne pas que le streaming vidéo le flash… Ton argumentation tombe un peu à l’eau ;-)

®om

@gnuzer

En fait, ce que tu dénonces dans ton article pourrait être dit de tous les produits qui privent les utilisateurs de liberté, typiquement : les logiciels propriétaires et les services centralisés.

Non, c’est plus que cela.

Les éditeurs propriétaires ne respectent pas les 4 libertés (exécuter le programme, étudier le fonctionnement du programme, redistribuer des copies, améliorer le programme) pour leurs logiciels, c’est une chose. Là, Apple les interdit même pour TOUS les logiciels tiers, c’est d’un tout autre niveau. Ce n’est pas parce que Microsoft est un éditeur propriétaire qu’il s’octroie le droit de donner l’autorisation et de garder le contrôle de tous les logiciels tiers. Apple, si.

Quant aux services centralisés, c’est plutôt la vie privée qui est problématique.

®om

@JB

Intéressant cet article, mais quelque chose me chiffonne. J’ai l’impression que la première partie va un peu vite en besogne sur la liberté d’expression. Apple limite/censure les applications qui vont être déposées sur sa plateforme. Doit-on crier à l’atteinte à la liberté d’expression si mon buraliste m’empêche de mettre un journal que j’aurais écrit sur SES étales ? De même je n’ai pas le droit de tagguer mes idées sur le mur ou la voiture du voisin.

Avant tout, le fait que ça soit SA plateforme n’autorise pas à avoir un contrôle absolu sur toutes les données ou applications qui y transitent (qui ne sont pas à eux). De la même manière qu’il ne serait pas légitime que Google censure les sites qui ne lui plaisent pas (ou ne plaise pas à une quelconque entité non judiciaire). Il l’a fait (le fait toujours?) en Chine, et tout le monde comprend que ce n’est pas sain.

Ensuite, des contraintes temporelles et spatiales sont inévitables dans le monde physique : un buraliste n’a ni le temps ni la place d’accepter de placer sur ses étales les écrits de chaque citoyen lambda (ça tombe bien, l’impression à grande échelle a un coût, ce qui leur évite de s’exprimer). Ce n’est pas un acte de censure de la part du buraliste, c’est simplement une incapacité matérielle à assurer la liberté d’expression de chacun. Un acte de censure serait de retirer les journaux qui ne lui plaisent pas, par exemple en refusant de vendre le Canard Enchaîné parce que le contenu est désobligeant vis-à-vis de telle personne, ou en ne proposant que des journaux d’extrême-droite ou d’extrême-gauche selon son appartenance politique. Ces deux restrictions sont bien de natures différentes.

Dans le monde numérique (qui n’est qu’une facette du monde réel, je le rappelle pour certains), il n’y a plus ces contraintes, la première catégorie de restrictions n’existe plus. Avant Internet, la liberté d’expression n’était que théorique, elle se limitait à ne pas être inquiété pour ses idées, qui de toute façon ne pouvaient pas être diffusées ; maintenant, elles le peuvent. Évidemment, ça ne veut pas dire que n’importe quel pékin écrivant “kikoolol” sur sa page perso sera lu par la Terre entière, mais ça n’est pas une quelconque autorité qui décide arbitrairement ce qui ne doit pas être dit. La liberté d’expression est virtuelle dans le monde physique, elle ne devient réelle que dans le monde numérique (beau paradoxe).

De plus, pour revenir au buraliste, une censure volontaire (évidemment critiquable) n’aurait en fait aucune conséquence. Il faudrait que tous les buralistes se mettent d’accord pour censurer les mêmes journaux. Avec un contrôle absolu et centralisé, les conséquences sont d’un autre ordre.

PatatoOor

Flash n’est en aucun cas un standard du web.

Il a beau être très répandu aucun navigateur ne se doit de l’utiliser si pour X raisons il n’en a pas envie/besoin.

Les raisons de sa non utilisation sur les iPad/Phone (alors que sur Mac oui) ont déjà été exposés ici :

  • flash est un “standard”(de fait sur les machines de bureau) web propriétaire
  • la très grande majorité des vidéos sont visibles sans flash
  • les apps iphone montrent que flash n’est nullement nécessaires pour créer des jeux ou autres applications
  • flash est gourmand en ressources et en batterie, ce qui embêtant pour des appareils nomades ou mobiles
  • flash, tout comme windows est compatible avec tout mais optimisé avec rien
  • si internet doit rester accessible à tous les appareils, il est évident qu’il faut l’adapter à ces appareils pour vraiment en tirer partie, que ce soit pour des mobiles à faible puissance et petits écrans, sans claviers ni souris ou encore une TV (a tu déjà surfé avec une PS3 ?)

Enfin il y a surement quelques raisons personnelles et surtout économiques qui s’ajoutent à tout cela.

Au final ayant un iPhone depuis bientôt 3 ans, à part une parenthèse de 4 mois sur Android, l’absence de Flash ne m’a jamais bloqué.

Que ce soit parceque les sites ont été adaptés pour être lu sur des mobiles, qu’il existe des apps pour ça ou tout simplement que Flash n’est peut être pas si indispensable que ça.

Flash est un outil, il en existe d’autres.

Site moi une utilisation ou Flash est indispensable ? je ne parle pas d’un site en particulier mais bien d’une utilisation (ex : jouer à tel jeu qui n’existe sous flash car il pourrait être crée avec une techno différente).

Le seul avantage de Flash est de pouvoir être lu indifféremment sous n’importe quelle machine (supportant flash) avec le défaut de n’être optimisé pour aucune d’entre elles.

Il suffit de voir windows ou plus récemment Android, qui a vouloir être compatible avec n’importe quelle machine se retrouve a être disséminé en X versions différentes et avec des applications aussi simples que twitter qui ne fonctionne pas sur certaines machines, à moins de niveler par le bas, ce que font flash et windows.

®om

@bill

Face à cette observation, une conclusion me vient à l’esprit : Si je veux bénéficier (?) d’un iPad et en même temps pouvoir en faire ce que je veux librement, j’ai qu’à l’acheter et remplacer le logiciel par celui de mon choix.

Le problème c’est que par défaut, le système a un contrôle absolu sur les logiciels tiers (dont les développeurs doivent d’ailleurs accepter un contrat disons peu équitable). À partir du moment où il faut pirater son propre matériel pour simplement l’utiliser, il y a un problème.

®om

@PatatoOor

Apple ne limite en aucun cas l’accès aux sites internet, tu peux donc consulter tout ce que tu souhaites.

Ton argumentation tombe un peu à l’eau…

Un patron a 5 esclaves, mais vu qu’il paye bien ses 10 autres employés, il n’y a pas de problème?

@®om

À partir du moment où il faut pirater son propre matériel pour simplement l’utiliser, il y a un problème.

Ben justement, ça me rappelle l’époque où les ordis étaient tatoués, empêchant d’installer autre chose que windows… ou plus récemment cette histoire de PS3 qui empêche l’installation de GNU/Linux… J’ai pas l’impression que Apple ait inventé quelque chose de ce côté là, ils ne font que renforcer le concept…

En fait le problème, n’est ce pas qu’Apple abuse de sa situation de “monopole” (de fait, encore que c’est encore discutable) ?

J’ai eu une loooongue discussion avec un utilisateur d’Iphone et potentiel d’Ipad, et je dois dire que ne pas être impliqué dans l’internet / l’open source / les libertés individuelles (en rajouter ou rayer les mentions inutiles) et être un utilisateur lambda change considérablement le point de vue.

“OSEF de Flash, de ton système ouvert, je ne développe pas, Apple a une interface révolutionnaire et surtout intuitive, et ça marche.”

Ce qui est assez marrant, c’est que sorti du sabre laser et de iBeer, les applications qu’il utilise ne sont que des ressassées de sites internet…

Finalement, tout cela me rappelle les mêmes discussions concernant Windows/Linux ; l’utilisateur lamba a besoin d’un outil commun avec ces semblables (la donnée sociale / mode est inéluctable pour le grand public), un outil en lequel il a confiance, qui lui donne l’impression de marcher contrairement aux autres… même si technologiquement il est moins fort, même si des contenus ne sont pas disponibles…

Aujourd’hui j’ai un iMac et je sais pourquoi je l’utilise. Car je peux l’utiliser pour travailler facilement, faire mes comptes, etc! parce qu’installer et surtout désinstaller une application est OMG si simple.

Et même profiter du système Unix qui est derrière…

Par contre pour tout le reste, j’ai un pc sur Win7 et une machine sous ubuntu car je sais en partie les bidouiller pour faire plus de choses.

Alors, le problème, c’est les utilisateurs? ou la campagne marketing ultra-efficace d’Apple depuis 10 ans?

En tout cas, je suis d’accord avec toi ®om , Apple prend des décisions sur les contenus qu’il distribue qui ne sont pas toujours justifiable ; il faut en parler, prévenir les utilisateurs des problèmes que peut poser Apple et proposer des alternatives ; mais doit-on se battre pour des consommateurs qui s’en foutent royalement?

Ma conclusion: il est amusant de voir comme Apple va devenir le nouveau monstrueux “système fermé” au moment ou sa capitalisation passe devant celle de Microsoft…

obrowny

flash peut avoir effectivement toutes les tares du monde mais ce n’est pas à jobs de décider pour moi !! Je dois pouvoir l’installer ou pas . De toute façon la vrai raison à cela est d’empêcher les gens de jouer à des jeux en flash pour les obliger à passer par le store.

Et quid de firefox mobile? il est aussi pas assez performant pour sa majesté Jobs?

PatatoOor

@lekant : “Par contre pour tout le reste, j’ai un pc sur Win7 et une machine sous ubuntu car je sais en partie les bidouiller pour faire plus de choses.”

que fais tu de plus sur W7 et ubuntu que tu ne puisses faire sur un iMac ?

Pour win7 il ya le jeu mais ensuite ? Et ubuntu à part bidouiller le système, en terme d’utilisation ?

Je ne trolle pas mais je comprends pas trop :P

(j’utilise les 3 environnements mais Mac en 1er)

@PAtatoOr : Mon métier à la base, c’est le développement. Je travaille sur des systèmes complexes. Aujourd’hui, je travaille en Indé, j’ai donc besoin de puissance de calcul disons pour héberger mon IDE, mon serveur local, mon logiciel de retouche graphique etc. que tout tourne correctement avec mon browser internet, mon client mail, mon lecteur multimedia…

ça va surement te faire sursauter, mais Mac ne m’apporte pas entièrement satisfaction et ne supporte pas la charge. il plante même assez fréquemment (chose tout à fait normale en informatique, donc point de scandale).

Dans toutes les sociétés dans lesquelles j’ai travaillé, les PC dédiés au développement étaient bien plus efficaces.

En fait ce n’est pas un problème d’OS mais surtout un problème de puissance proposée par le matériel.

Ubuntu est, dans mon environnement, dédié à l’hébergement de serveurs publics (une machine de test en gros). Enfin ça c’est la théorie: la dernière mise à jour a littéralement tué ma machine… pour l’instant je suis fâché

Et puis mes clients ne sont pas forcément sur Mac non plus, je dois donc m’adapter ;) il faut savoir répondre à toutes les demandes!

Je pense, comme Arnold et Willy, qu’il faut de tout pour faire un monde.

Et dans mon métier, toucher à tout est une obligation de toute façon.

Et, pour troller, le logiciel de graphisme que je préfère pour faire du design à mon niveau, c’est Paint.NET… sur Windows! et il est gratuit!

Les trolls anti-apple sont légions je ne vais pas en refaire ici.

Je vais prendre un cas concret : ma connexion Wifi est pourrie car je suis en 2,4GHz or Apple conseille de passer en réseau 5GHz (ce que peu de FAI fournissent) ; mon fournisseur d’accès (FASTWEB) m’a installé une box pourrie (elle aussi fermée, aucune interface d’admin, et même un blocage des adresses IP publiques!), loin de mon bureau (15 m) avec l’impossibilité de brancher un routeur à proximité (dans un placard, avec des branchements directement dans le mur, un cauchemar) .

Eh bah je suis ce qu’on appelle “dans la merde” avec une connexion moisie et dans l’obligation de contacter l’opérateur en question… ou de changer avec les frais que cela implique

Avec un PC, je customise, je change mon matos, je jète si ça ne marche pas, je mets à jour des drivers, je peux même les faire moi même! (enfin en théorie, peu peuvent se vanter de savoir le faire…)

En fait la démarche d’Apple me fait penser aux constructeurs de voitures qui ont mis de l’électronique partout ; du coup, moi qui arrivait à bidouiller mes vieilles R5, 106 et Twingo, je ne pourrais plus le faire et serais obligé de passer par un garagiste.

Si je prends une megane dernier cri, je vais quand meme me garder ma twingo pourrie, question de confiance/sécurité.

Alors Mac oui pour faire des choses simples : mes comptes, de la bureautique, mater des films, communiquer.

Mais pas, à mon sens, développer ; paradoxalement, je suis enfermé, j’ai besoin d’une alternative.

Et ce qui me fait un peu halluciner, c’est que cette alternative, c’est Windows… (bon ubuntu aussi, mais là je suis fâché)

Il n’y a plus de saison ma bonne dame.

PatatoOor

@obrowny

flash peut avoir effectivement toutes les tares du monde mais ce n’est pas à jobs de décider pour moi !! Je dois pouvoir l’installer ou pas . De toute façon la vrai raison à cela est d’empêcher les gens de jouer à des jeux en flash pour les obliger à passer par le store.

Et quid de firefox mobile? il est aussi pas assez performant pour sa majesté Jobs?

Jobs ne décide rien pour toi, il te propose un “univers” auquel tu peux choisir d’adhérer ou pas. Si cela ne te conviens pas il te reste une multitude d’autres environnements (windows, linux, palm, android, …) qui répondront au mieux à tes besoins.

®om

Une nouvelle censure aujourd’hui relatée par PC INpact : Apple censure l’adaptation BD de “Ulysse” de James Joyce.

Grossbaaffe

Trés intéressant tout ça…

Ce que je retient surtout, c’est que le libéralisme économique qui s’impose depuis quelques décennies permets a des gens de vendre à d’autres des systèmes qui les privent d’une partie de leurs libertés. A conditions que ces autres acceptent d’acheter bien sur !

En étant un rien jusqu’au-boutiste, on pourrait même arguer qu’empêcher les de vendre des produits limitant la liberté de l’acheteur serait une entrave a la liberté du vendeur ! A CONDITION QUE LE VENDEUR SOIT TOUT A FAIT CLAIR SUR LES IMPLICATIONS DE L’ACHAT DE SON PRODUIT.

Et c’est là qu’est, je pense, la vraie pratique répréhensible : les mensonges, ou au moins les omissions, dont les services marketing de toutes les boites un peu agressive se sont fait une spécialité.

Les lois nous protègent (un peu) contre les mensonges et sont a peu près inefficaces contre les omissions. Il nous reste la liberté de ne pas acheter ce qui nous déplait et de nous exprimer pour convaincre d’autres gens de faire de même.

A ce titre, je trouve ton Blog excellent ;-)

alex

bonjour, effectivement les limitations de l’ipad en termes de hardware et de logiciels représente un problème certain; ceci dit si on compare avec, par exemple, les logiciels qui tournent sous androïd, si on se renseigne un peu on comprend que c’est vraiment le chantier! : plusieurs versions de l’os androïd qui font que les programmes ne sont plus compatibles lors d’une nouvelle version de l’os… et je ne parle pas des virus qui commencent par apparaître… la “machine de guerre” apple se protège contre cela (qui a déjà vu un virus sous osx ou sous os iphone?);

cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec la politique de restriction des logiciels pour iphone/ipad chez apple, loin de là! étant un “apple-mania” je n’ai pas acheté l’ipad… je pense qu’il faut prendre l’ipad pour ce qu’il est, c’est-à-dire un gros ipod touch, c’est tout!

Maintenant j’aimerai bien que vous écriviez un article centré exclusivement sur l’accord qu’on est obligé de passer avec apple pour l’utilisation de leur matériel, car dans le fond c’est cela qui me gêne le plus… j’aimerai connaître tous les termes en français de cet accord… car apple non seulement se réserve le droit de désintaller un logiciel à distance sur votre iphone (si si!), mais, et c’est plus grave, télécharge vos données la nuit pour les stocker quelques temps (combien de temps, allez savoir) sur leur serveurs (à quelles fins? évidemment d’études économiques et de ciblage personnalisé… mais c’est peut-être plus encore : que stockent-ils exactement? = peut-être TOUT = tous vos emails envoyés, vos notes, les logiciels utilisés, la navigation internet etc…!)… c’est la raison principale pour laquelle je ne suis pas (encore?) équipé d’un iphone…

Enfin je rappelle tout de même que les possesseurs d’ipad ou d’iphone peuvent jailbreaker leur appareil, et donc on peut imaginer que des développeurs qui réalisent des logiciels pour ces machines ne sont pas obligés de passer par apple pour les distribuer! et enfin que ceux qui ont jailbreaké leur appareil peuvent donc installer des logiciels qui ne sont pas forcément distribués par apple mais sur un réseau parallèle.

Le futur est au contournement et aux réseaux parallèles, nous n’en sommes qu’au début!

Cet article est à la fois très intéressant mais aussi pas assez approfondi, c’est dommage.

Le souci est que dans un futur assez proche, il est fort probable que les autres firmes (nokia, google etc…) “imitent” apple sur les restrictions et l’espionnage de comportement, n’est pas pionnier qui veut! L’ipad est juste un gros ipod et n’est pas comparable à un ordinateur portable (ce sur quoi vont se baser les concurrents = proposer une tablette qui soit un véritable ordinateur… : mais apple nous réserve encore bien des surprises, et on voit combien rame la concurrence en ce qui concerne les tablettes!).

Je viens de découvrir ton blog, je suis complètement d’accord avec tes propos. La majorité des gens n’ont pas conscience de l’ampleur que peux avoir internet et comment ils se font manipuler. L’exemple le plus flagrant est ce fameux internet “illimité” qu’on nous vends avec les forfaits mobiles. Alors que ce fameux internet illimité est un extranet filtré DPI avec mention spéciale limite de débit et bande passante à coup de quotas.

®om

Encore un exemple de censure, d’un magazine Android cette fois.

cham

“troll”

vive le jaibreak, et apple ne veut pas dire incompatible avec libre (même si en général légalement si…), enfin quand on à pas le droit, on prend le gauche…

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