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Piratage ou usage commun ?

pirate

Lorsqu’on parle de la loi Hadopi, c’est souvent pour mettre en évidence son caractère inapplicable ou pour dénoncer son atteinte aux libertés fondamentales. Il me semble que beaucoup sont d’accord pour “lutter contre le piratage, mais pas comme ça”. C’est ce que je pensais avant.

Pour une fois, je voudrais évoquer les fondements mêmes de la guerre contre le partage, le “fléau” qu’elle s’est donné comme objectif de combattre. Je vous livre donc mes quelques réflexions sur ce qui est appelé piratage.

Un peu de science-fiction

Supposons qu’on invente une machine capable de dupliquer les objets matériels, accessible à tous. Plus personne ne serait pauvre, plus personne ne mourrait de faim : il suffirait de dupliquer les oranges, les baguettes de pain, etc. Les bases de l’économie de la distribution seraient totalement ruinées. Les industries alimentaires, textiles, automobiles… crieraient au scandale : tout le monde serait capable de copier la voiture de son voisin. D’ailleurs, que deviendrait l’argent ? Tout le monde pourrait dupliquer ses billets et ses pièces…

De la même manière, si demain on inventait un téléporteur permettant à chacun de se déplacer d’un point du globe à un point autre instantanément et gratuitement, que deviendraient les entreprises de transport, les constructeurs automobiles et les stations-services ? Sensibiliserions-nous la population sur les ravages des téléporteurs, en la culpabilisant de faire perdre des emplois à la SNCF ou chez Air France ?

Faudrait-il nier les avantages induits par ces évolutions, et tenter à tout prix de les restreindre ou de les interdire, en traitant de pirates ceux qui copient une orange ou qui “volent” la SNCF en se téléportant ? Faudrait-il distinguer la “téléportation légale”, celle qui ne se ferait que de gare en gare après l’achat d’un ticket, de la “téléportation illégale”, qu’on pourrait utiliser n’importe où gratuitement et sans contraintes ? D’ailleurs, comment pourrait-on contrôler que personne ne se téléporterait pas “illégalement” sans instaurer une surveillance généralisée de la population ?

Mettrions-nous tout ceci en œuvre afin de préserver les modèles économiques en place dans le monde d’avant ces innovations ?

Ou alors faudrait-il réfléchir à une société adaptée à cette (r)évolution ?

Internet

Internet est à la fois un copieur et un téléporteur : il permet de dupliquer à distance !

Ce n’est pas un supermarché géant, ni un gadget pour geeks, ni un outil qui ne sert qu’à consulter les résultats sportifs… C’est beaucoup plus que cela ! C’est sans doute l’invention qui modifie le plus en profondeur la société en si peu de temps. Mais vu que c’est le sujet de ce billet, je ne vais parler que de la toute petite partie qui concerne l’accès à la culture “sous copyright”.

Valeur

La dématérialisation a permis à tous de copier, car un contenu numérique est intrinsèquement copiable, gratuitement. Vendre de la copie dans un tel environnement est suicidaire. Ce qui pose problème, c’est que justement c’était le modèle économique du monde matériel, donc tout est remis en cause. Avant, il fallait passer par les distributeurs pour obtenir une copie, plus maintenant.

On est dans le même cas qu’avec le téléporteur : il serait illusoire de vendre un déplacement en avion ou en train. On pourrait faire toutes les sensibilisations du monde, en expliquant qu’en se téléportant gratuitement on va faire perdre des emplois à la SNCF et chez Air France, la valeur d’un “déplacement” serait intrinsèquement nulle, ce serait invendable.

Ce qui a de la valeur, c’est l’œuvre en elle-même (cette valeur n’est d’ailleurs pas forcément essentiellement monétaire), ce n’est pas son support. Le problème, c’est que financer l’œuvre en elle-même est délicat. Jusqu’ici, dans le monde matériel, l’œuvre était forcément fixée sur un support (un livre par exemple, ou un CD), il suffisait donc de faire payer le support, et l’œuvre était payée (le créateur n’en touchait qu’une toute petite partie, mais ça c’est une autre histoire)… On évitait donc le problème en vendant chaque instance de l’œuvre, plutôt que de financer l’œuvre.

Mais Internet a fondamentalement redéfini les règles : il a clairement séparé œuvre et support (de la même manière qu’un téléporteur redéfinirait les règles physiques dans notre société). Faire payer le support n’est donc plus pertinent. De plus, cette séparation permet à l’œuvre d’être dupliquable à l’infini et gratuitement par tous. La décorrélation entre l’acquisition d’une nouvelle copie et son financement est donc inéluctable.

Cette séparation est déjà en place depuis plusieurs années : chacun peut obtenir une nouvelle copie d’une œuvre dématérialisée sans pour autant la payer. Ce qu’il faut, c’est financer la création, pas interdire les copies ! Rien ne justifie que les œuvres soient payées par la vente à l’unité de copies. D’ailleurs, quand on entend “il faut acheter les albums pour que les créateurs soient rémunérés”, on pourrait également dire “il faut acheter les émissions pour que les animateurs TV soient rémunérés”. On voit bien que le travail n’a pas à être rémunéré par l’accès unitaire de chacun au fruit de ce travail… Copier n’est pas voler. Partager non plus.

Transition

Mais la transition est brutale, beaucoup trop brutale pour avoir le temps de mettre en place des mesures justes et adaptées. Pas pour l’enrayer, mais pour l’accompagner. Du coup, le choix qui est fait pour l’instant est de tenter d’empêcher cette révolution qui a déjà eu lieu. C’est voué à l’échec.

Rien n’est fait pour résoudre le problème. Au contraire, tout est mis en œuvre pour tenter de réassocier œuvre et support (support qui a la caractéristique de ne pas être copiable gratuitement, même s’il est virtuel comme avec les DRM), plutôt que de profiter de l’immense opportunité de la diffusion illimitée des œuvres (plusieurs études montrent d’ailleurs que le partage de fichiers a un effet global positif sur l’économie). Des campagnes de propagande, maintenant inscrites dans la loi pour expliquer aux petits enfants dans les écoles, veulent faire croire que partager, c’est mal, que ça détruit la création, alors qu’au contraire ça la diffuse et la fait vivre.

Financement

Mais il faut un modèle pour financer cette création. Que ça soit la licence globale, la SARD ou autre… Je n’ai pas LA solution. J’en ai juste la principale caractéristique : le financement doit être décorrélé de la vente unitaire de copies. Évidemment, les principales entreprises à se battre contre cette évolution sont celles qui vivent en vendant des copies. Mais a-t-on fait une loi pour sauver les vendeurs de lampes à huile quand l’électricité est arrivée ?

Peut-être trouvez-vous les propositions alternatives irréalistes ou stupides. Mais que pensez-vous alors de baser un modèle économique sur la vente de quelque chose qui est accessible à tous gratuitement, la copie ?

Hadopi pédagogique ?

Voilà ce que m’a appris la loi Hadopi sur le “piratage”. Avant je pensais que le “piratage”, c’était mal, mais que c’était difficilement réversible car très répandu (“et puis après tout, tout le monde le fait”). Maintenant, j’ai compris que ce qui est appelé “piratage” n’est autre que l’usage commun des œuvres dans une société où la révolution numérique aurait été prise en compte, l’usage normal qui rencontre la résistance des modèles d’avant la dématérialisation…

Comme quoi, Albanel avait raison, la loi Hadopi a bien été pédagogique !

Références

Si vous vous intéressez un peu au sujet, mon analyse n’a sans doute pas grand chose d’original. Ça ne m’empêche pas de la partager, et puis après tout, tout travail de création n’est-il pas un dérivé ?

Je vous recommande principalement, si ce n’est pas déjà fait, la lecture du livre Confessions d’un voleur, écrit par Laurent Chemla en 2002, mais qui est on ne peut plus d’actualité. C’est d’après moi une référence ! Il est disponible en version papier mais également en accès libre dans les formats ouverts qui vont bien (mais pas sous licence libre).

Pour l’anecdote, j’ai commandé la version papier (comme quoi, on peut acheter quelque chose de gratuit), mais je ne l’ai pas encore reçue car “la poste n’a pas pu localiser mon adresse”. Le filtrage d’Internet aurait-il des effets de bord jusqu’à dans le monde physique ?

Je poursuis ma réflexion dans ce billet, où je détaille pourquoi je pense que la guerre contre le partage est une manifestation d’une problématique beaucoup plus générale.

Commentaires

Si vous vous intéressez un peu au sujet, mon analyse n’a sans doute pas grand chose d’original.

Mais elle a le mérite de bien cibler le sujet et de le traiter sur pile la bonne longueur. (ce qui permet d’éviter qu’elle soit superficielle ou au contraire qu’elle perde le lecteur en route)

Sinon, pour approfondir le sujet, on pourra aussi lire les ouvrages de Lawrence Lessig, notamment « Free Culture ».

egan

Je n’ai pas LA solution. J’en ai juste la principale caractéristique : le financement doit être décorrélé de la vente unitaire de copies

Mais pourquoi est-ce qu’il faudrait financer la création ? Après tout l’humanité a vécu pendant des siècles et des siècles sans financement étatique de la création et s’en est fort bien porté.

Pourquoi instituer des licences globales et autres machins qui ponctionnent automatiquement l’argent des citoyens ? Est-ce qu’un type qui veut faire une chanson à un droit inaliénables a être financé par l’Etat ?

Les artistes n’ont qu’à faire comme avant et à chercher des mécènes disposés à les payer. Cette méthode fonctionne puisque tous les musées sont remplis des oeuvres issues de cette méthode.

mangouste06

Et pendant ce temps, des geek barbus sont en train de mettre au point une imprimante 3D qui, à terme, sera capable de s’auto-repliquer.

Aux dernieres nouvelles, le taux d’auto-replication, et donc d’independance serait de 80% ….

La science-fiction n’est pas si loin que ca.

Les sites web expliquant tout cela est a un google de distance.

G.

Si vous vous intéressez un peu au sujet, mon analyse n’a sans doute pas grand chose d’original. Ça ne m’empêche pas de la partager, et puis après tout, tout travail création n’est-il pas un dérivé ?

Je pense que votre analyse apporte de la clarté et un éclairage appréciable sur des aspects qui tendent à être aujourd’hui plus en retrait du débat: le financement de la création, l’accès à la culture, le passage à de nouveaux modèles économiques… Je trouve vos formules justes et adaptées et aime particulièrement votre manière de décrire le problème posé par la séparation de l’œuvre et du support.

Quels sont alors, selon vous, les options de financement valables ? La licence globale me paraissait une réponse adaptée qui a malheureusement été rejetée. Maintenant que le cycle HADOPI/LOPPSI, etc… est lancé, comment revenir vers des solutions plus sages ? J’ai eu l’occasion d’essayer de discuter de ces problèmes avec le député de ma circonspection : et bien, je suis reparti avec la certitude de son incompétence totale sur le sujet et ai pu sentir à quel point le sujet l’indiffère… Le travail d’éducation pour faire changer les mentalités au niveau des décisionnaires me semble malheureusement énorme. Doit-on plutôt espérer que la révolution des mentalités vienne du bas ?

®om

Merci pour les compliments ;-)

@Il Palazzo-sama

Sinon, pour approfondir le sujet, on pourra aussi lire les ouvrages de Lawrence Lessig, notamment « Free Culture ».

Merci beaucoup, j’ai commencé à le lire, c’est super intéressant. J’aime beaucoup dans l’introduction l’exemple de la modification de la propriété lors de l’invention des avions.

@egan

Mais pourquoi est-ce qu’il faudrait financer la création ? […] Les artistes n’ont qu’à faire comme avant et à chercher des mécènes disposés à les payer.

C’est également une solution qui dissocie le financement de l’œuvre et l’acquisition des copies. C’est la plus radicale à mon avis, mais sans doute celle vers laquelle on se dirige si les politiciens continuent à s’obstiner dans la voie de la répression contre le partage.

@Speredenn

Quels sont alors, selon vous, les options de financement valables ?

Je ne peux malheureusement pas dire autre chose que “je ne sais pas”…

La licence globale dissocie bien le financement de l’œuvre et son support, et a été pas mal étudiée. Ce qui pose problème à mon avis, c’est l’acceptation que tout le monde paie “une taxe” pour la culture.

®om

@Speredenn

J’ai eu l’occasion d’essayer de discuter de ces problèmes avec le député de ma circonspection : et bien, je suis reparti avec la certitude de son incompétence totale sur le sujet et ai pu sentir à quel point le sujet l’indiffère… Le travail d’éducation pour faire changer les mentalités au niveau des décisionnaires me semble malheureusement énorme. Doit-on plutôt espérer que la révolution des mentalités vienne du bas ?

Ça ne m’étonne pas, durant les débats à l’Assemblée, beaucoup ont montré leur méconnaissance absolue du sujet. Ils ne peuvent évidemment pas connaître en profondeur les sujets dont ils “débattent” (ils ne sont pas experts en tout), mais le fait d’ignorer sciemment les arguments ne relève pas que de l’incompétence, c’est de la malhonnêteté.

Par contre, le fiasco Hadopi a mis en lumière certains déficits démocratiques et a fortement “politisé” une catégorie de la population : les “geeks” et ceux qui défendent les libertés individuelles. Les citoyens, grâce à Internet, ont plus que jamais une influence non négligeable sur les projets politiques.

Les débats n’ont plus réellement lieu dans l’hémicycle (le parlement n’est pas loin de n’être qu’une chambre d’enregistrement), c’est un bug qu’il faut corriger (RegardsCitoyens et NosDéputés y travaillent). Ce sont maintenant les citoyens qui débattent et apportent des arguments. Ils permettent de créer un “contexte politique” et de faire contre-poids face aux amendements tout prêts rédigés par les lobbies défendant des intérêts privés.

Donc oui, le débat démocratique reprend tout son sens avec l’implication des citoyens concernés (voire experts) sur un sujet, et ce sont eux qui feront évoluer les discussions pour parvenir à de meilleures solutions.

loom

Donc oui, le débat démocratique reprend tout son sens avec l’implication des citoyens concernés (voire experts) sur un sujet, et ce sont eux qui feront évoluer les discussions pour parvenir à de meilleures solutions.

Je suis d’accord avec votre avis. L’ ignorance de nos politiques en matière d’internet ne demande qu’à être éclairé par un engagement de citoyens concernés et experts. La seule lumière qu’ils ont sur ces dossiers est celles des lobbyistes de l’industrie du divertissement, ce n’est finalement pas très étonnant qu’ils se trompent devant les arguments erronés de cette industrie. L’aide de citoyens experts leurs seraient d’une grande utilité sur de tels sujets. L’économie numérique représente un formidable enjeux pour l’avenir, il serait dommage de passer à côté à cause d’une simple méconnaissance de la part de nos politiques et c’est pourtant ce vers quoi nous nous engageons actuellement. A ce propos je vous conseille l’émission qu’a fait Jeremie Zimmermann ce mois de juillet aux RMLL de Bordeaux : http://radio2010.rmll.info/ep/societe-neutralite-du-reseau

Grossbaaffe

Je rejoins assez ta vision des choses. Même si tout ça ne révolutionne pas ma façon de voir le problème du “Piratage” des oeuvres copyrightées sur internet ^^

La chose que je trouve absolument incroyable c’est que nos brillants politiques ne soient pas foutus de comprendre, en dépit de la foultitude d’études et de rapports qui vont dans ce sens, qu’interdire le piratage en P2P ne fera qu’accélérer la montée en puissance des fournisseurs “payants” de contenu culturel illégal, qui ont eux, tres bien compris que si 20 € ou plus pour un CD ou un DVD c’est bcp trop cher, 10 à 20 € par mois c’est parfaitement acceptable pour la pluspart des gens. Et qu’une offre sur ce créneau est susceptible de générer un chiffre d’affaire colossal. Qui va tout bonnement leur passer sous le nez !

Personnellement ca ne me generait pas plus que ca d’avoir mon contenu numérique truffé de DRM et autres saloperies ( a condition que ca ne m’empeche pas de le convertir aux formats qui me plait et de l’écouter sur mon baladeur préféré, évidemment).

A condition ne ne pas avoir a débourser des sommes complêtement délirantes pour avoir le droit de l’écouter ou de le visioner !

Ce que n’ont pas compris les major de la diffusion culturelle, c’est qu’ayant la chance de vendre un produit duplicable a l’infini avec un cout résiduel de 0 €, le vendre meme presque rien c’est réaliser des marges énormissimes. Et plus le cout est bas, plus le marché est grand.

®om

@Grossbaaffe

Personnellement ca ne me generait pas plus que ca d’avoir mon contenu numérique truffé de DRM et autres saloperies ( a condition que ca ne m’empeche pas de le convertir aux formats qui me plait et de l’écouter sur mon baladeur préféré, évidemment).

Moi, cela me gênerait.

Le contrôle des usages privés des contenus n’est pas acceptable. Je refuse le verrouillage numérique des ordinateurs, au bénéfice unique des “industries du divertissement”. De plus, DRM et logiciel libre sont fondamentalement incompatibles.

[…] Piratage ou usage commun ? Framablog : […]

@Grossbaaffe et @Rom : De même que Rom, je refuse l’idée du DRM qui est incompatible avec la notion de logiciel libre. Pourquoi ajouter des restrictions de type “support” à un contenu qui n’en a pas, justement ? Pourquoi brider (inutilement, qui plus est, car il y aura toujours moyen de contourner les DRM, facilement ou moins facilement, mais il y aura toujours moyen) des libertés fondamentales ? Et puis, je n’ai aucune envie de voir l’Etat (Hadopi), les majors (DRM), ou qui que ce soit d’autres, d’ailleurs, envahir mon espace numérique ! Un ordinateur personnel est un ordinateur “personnel”…

Grossbaaffe

Ouaips … j’ai raconté un peu n’importe quoi a propos des DRM .. je voulais juste dire que je n’aurais rien contre un dispositif permettant d’identifier contenu numérique “authentique” ( quoique ça veuille dire), a condition que ca n’en restreigne pas l’usage.

En fait c’est juste débile, si l’usage n’est pas restreint, on peut copier librement, et les copies sont aussi authentiques que leurs modèles. Donc exit les DRM ^^

[…] This post was mentioned on Twitter Jean-Marc Reymond. Jean-Marc Reymond said: Piratage ou usage commun? Un bon article posant les bases du probleme! http://bit.ly/btzzOq Sorry for the French… […]

Faith

@egan

Les artistes n’ont qu’à faire comme avant et à chercher des mécènes disposés à les payer. Cette méthode fonctionne puisque tous les musées sont remplis des oeuvres issues de cette méthode.

Cette méthode a un énorme problème: ce seraient alors les plus riches (et donc souvent vieux) qui choisiraient quelle devrait être la culture du pays (ou tout au moins ses principales orientations).

Totoze

Mais pourquoi est-ce qu’il faudrait financer la création ?

Pour que les créateur puissent manger et continuer à créer.

Après tout l’humanité a vécu pendant des siècles et des siècles sans financement étatique de la création

Le financement étatique ne doit pas représenter la plus grande part du financement de la création, qui doit surtout compter sur ses ventes (enfin ça dépend du domaine).

et s’en est fort bien porté.

Il n’y a pourtant jamais eu autant de création que de nos jours.

Les artistes n’ont qu’à faire comme avant et à chercher des mécènes disposés à les payer. Cette méthode fonctionne puisque tous les musées sont remplis des oeuvres issues de cette méthode.

ha ha ha. hum, pardon. J’ai une bonne nouvelle pour toi : aucune loi empêche un mécène de financer un artiste ou un créateur quelconque.

Une présentation du problème très pédagogique et très claire.

Une solution possible pour répondre à la nécessité de financer la création sans se couper absurdement des avantages de la révolution informationnelle (duplication et diffusion facilitée du bien culturel), est à notre sens, à rechercher dans le financement participatif ou crowdfunding.

Le créateur financé en amont et démocratiquement par des souscripteurs, peut ensuite accepter de diffuser librement et gratuitement sa création.

Des plateformes techniques permettant de réaliser cela se multiplient à travers le monde (KickStarter) et en France (Ulule, Mutuzz, KissKissbank, Babeldoor, etc..).

L’analyse de Mutuzz sur Hadopi se trouve ici : http://www.mutuzz.info/reflexions-economie-numerique.

Laurent, de Mutuzz.

[…] : http://blog.rom1v.com/2010/08/piratage-ou-usage-commun/ Address: http://romain.riviere.me/2010/08/james-climent-dans-liberation/ « Cloud […]

Un texte d’une grande clarté, qui montre bien qu’on a d’une part une avancée technologique considérable et d’autre part un système économique qui ne sait pas comment en tirer profit. Il faudra faire lire ces lignes à tous ceux qui n’ont pas encore pigé ça et se crispent sur des positions de principe complètement à côté de la plaque. Bravo.

Ca va peut être paraître un peu abrupte à lire, mais si tout simplement l’argent n’était pas en dehors de la culture ? J’ai bien aimé l’intro du billet qui raconte à quel point Internet est devenu indispensable. En réalité, le web a surpassé pas mal d’industries lourdes du secondaire en chiffre d’affaires. Les gens qui n’y voient qu’un repaire de voleurs et brigands se plantent complétement : il y a des masses d’argent énormes à se faire sur Internet. Et puis ça permettrait probablement à l’Art avec un grand A de se refaire une élite véritable avec des talents et des génies réels, comme aux époques (Renaissance et autres) où être artiste était une vraie galère et une vraie carrière.

miluz

@egan

Les artistes n’ont qu’à faire comme avant et à chercher des mécènes disposés à les payer

Oui, c’est pour ça que l’histoire de l’art avance avec celle des rois et de leur Cour, de Dieu et de ses Saints, et aujourd’hui des Entreprises, leur pub et les bollywood du genre “Sarkozy et ses Datis”. Sans compromission, X ou Y est libre mais pauvre, et son oeuvre découverte post-mortem. ok.

Ce qui est bien de nos jours, c’est qu’avec le progrès technique, les poules et le potager sont devenus plus utiles qu’une banque, un Ministère ou un rentier qui s’ennuie.

Pour approfondir les travaux de Lessig qui sont tres proches de ce text, et pour les moins anglophobe, il ne faut pas hesiter a regarder les presentation de TED par Lawrence Lessig, le tout etant disponible sur YouTube.

Dans le monde de la copie et de la télétransportation, tout le monde se rencontre facilement. Tout le monde mange à sa faim et de tout. Tout le monde a accès à tous les ouvrages, toutes les cultures. Au bout d’un moment l’ennui le plus profond tombe sur nous tous nouveaux oisifs. Et qui reste-t-il pour nous sauver ?

Les créateurs. Tous seront en attente d’une nouvelle idée, une nouvelle recette, un nouvel univers à investir (Cf Franck Herbert).

Et si l’intérêt pour la création était inversement proportionnel à la rareté ?. Bravo pour cet article. L’idée était dans l’air mais la vulgarisation et le parallèle avec le réel sont admirables !

Grenouille

Ce qui a de la valeur, c’est l’œuvre en elle-même (cette valeur n’est d’ailleurs pas forcément essentiellement monétaire), ce n’est pas son support.

Sauf que nos chers industriels du divertissement prennent l’exact contrepied, en essayant de nous revendre 2 à 3 fois plus cher (en changeant de support, DVD => BlueRay, j’illustre mon propos par le cinéma mais on a connu la même chose il y a 25 ans lors du vinyle => CD ) des films amortis plus de 10 fois depuis des décennies, sous un faux prétexte d’amélioration de qualité d’image (un film numérisé n’aura jamais la qualité d’image d’un film tourné directement en numérique, et je ne parle là que de qualité d’image et pas des qualités du film lui-même). Contrer le piratage en vendant plus cher, voilà la solution.

Néanmoins le fond su sujet sur le “piratage” ne concerne qu’une infime partie des artistes : seuls les poulains d’une “Major” sont pris en compte par ce discours (Top 50, box office, diffusion radio ou TV, etc…). Les milliers d’acteurs, auteurs, compositeurs, interprètes (et tout le personnel technique qui gravite autour au passage), et j’en passe, qui se produisent dans des petites salles ne sont, eux, rémunérés qu’à hauteur de fréquentation de leurs spectacles. La baisse de vente des albums est imputée au piratage, alors que le nombre de places de concert vendues explose (oh, mon Dieu, maintenant il va falloir bosser pour vivre!), tout comme le nombre de places de cinéma et autres spectacles vivants. Ce qui tombe bien, puisque un “auteur” gagne plus grâce aux droits d’auteur que sur la vente de CD/DVD comme précisé dans l’article.

Reste maintenant un point de détail sur cette rémunération des droits d’auteur : dans plusieurs pays anglo-saxons (à ma connaissance), la diffusion publique d’une œuvre (radio ou TV) est considérée comme faisant de la publicité, et donc ne rémunère pas directement l’artiste : en effet, on voit bien tous les jours que plus un titre est diffusé, plus il se vendra. En France, les médias paient pour faire cette pub gratuite. Du coup, seuls les artistes qui vendent déjà sont diffusés, et touchent par surcroît des droits d’auteur. Les indépendants n’ont qu’à aller se faire voir (pour la rémunération comme pour la diffusion). Et au top 10 des artistes les mieux rémunérés par la SACEM, on retrouve toujours les mêmes.

Je vais illustrer mon dernier propos par un exemple simple (que l’on peut transposer facilement sur d’autres supports) : La Grande Vadrouille. Ne jugeons pas de la qualité du film, mais de son utilisation : encore aujourd’hui, il faut payer pour voir ce film qui 1) fut le plus vu en France jusqu’en 97 (détrôné par Titanic), et encore maintenant détient le record en % de population (34% de la population de 1966 sont allés voir ce film!!!) 2) a été diffusé plus de 25 fois sur TF1 et France 2 entre 1976 et ce jour, sans compter les autres chaînes et les diffusion hors frontières et 3) a vu ses principaux acteurs (Oury, De Funès, Bourvil entre autres) disparaître. D’où ma question : où va l’argent? Création artistique? J’en doute. Et même si les premiers intéressés étaient encore en vie, n’ont-ils pas déjà récupéré 10, 20 fois l’investissement de départ (financier, artistique, ou autre)? Un inventeur dépose un brevet, 25 ans plus tard il tombe dans le domaine public. Un morceau de musique écrit il y a 40 ans par Aznavour rapportera encore des royalties 20 après sa mort à ses ayant droit (et aux maisons d’édition qui sortiront moults compilations, hommages, coffrets, biographies, etc…).

Quand au mécénat, il existe toujours, mais s’est reporté vers des supports “visibles” : l’équipe cycliste “FdJ”, le voilier “Fleury-Michon”, le trophée “machin”, le prix littéraire “truc”, etc… Un auteur de théâtre n’a que peu de chances d’en faire partie. Depuis le début de ma critique, si vous avez suivi, le problème de fond est le même : marketing.

Salut Romain,

Bravo et merci pour cette tribune dont je partage entièrement les idées!

Quelle ne fut pas ma surprise en lisant ton nom et ton prénom en en-tête d’un article de PC Inpact!

Bonne continuation!

Clément

Une pensée pour tous ceux qui ont déjà fait les frais d’HADOPI…

j’en connais… Saisi des ordi High tech, nuit en garde a vue, ammende…

L’etat ferai mieux de renforcer les contrôles d’alcoolémie !!!

skydevil

C’est clair et concis, bravo.

Question bête : Est-ce que la licence du texte me permet de “le faire tourner sur fesse bouc”?

Chester

Article très intéressant.

Voyez-vous, je suis de ceux qui sont “pro-hadopi” (malgré une mise en œuvre imbécile techniquement, ne prenant pas en compte les réalités de type de connexion ni le téléchargement direct) mais je partage le fond de l’analyse: c’est la création qu’il faut rémunérer; le support, quant à lui, a changé du fait de l’évolution des technologies.

Du reste, un ciné régional propose pour 5€ le film produit par sa maison mère: il n’est pas sur DVD, mais sur votre support perso (clef USB, memory card…).

Ceci dit, j’aimerai toutefois préciser deux choses:

- votre postulat de départ (la duplication illimitée, dont les billets de banque, suivi du risque de mettre au chômage les salariés des compagnies aérienne si on se téléporte) est faux ! En effet, peu importe que les salariés de la SNCF ou Air France soient au chômage du fait de la concurrence de “téléporteurs” dupliqués gratuitement, puisqu’en même temps, dans vos exemples, les billets de banque deviennent “répliquables”. Donc, en soit, le chômage n’existe plus, puisque l’ensemble des biens, même l’argent, est indéfiniment et gratuitement clonés. Donc plus besoin d’argent, donc plus besoin de travail :-)

J’ai envie de dire que, poussé à l’extrême, et c’est captivant, vos analogies amènent à un autre système de financement, je n’hésite pas à faire des analogies avec les “SEL” ou les biens sont rémunérés par des échanges de compétences. (Je n’y adhère pas car ce système ne couvre pas l’ensemble des besoins qu’on a dans une vie d’Homme).

Tel ou tel chanteur a une voix qui nous plait, le travail de ses instrumentistes aussi, mais il faut un mixeur de profession, ainsi qu’un gars qui fait les arrangement, pour réaliser la chanson qui va nous ravir. De ces gars-là, on en parle pas. Ils sont pourtant un maillon indispensable dans la réalisation du CD (que vous qualifiez, à juste titre, de copie).

Donc, l’argent ayant perdu toute sa valeur (donc disparu) du fait de la réplication des biens et des monnaies, il faut trouver autre chose pour “récompenser” celui qui a donné sa texture à votre disque.

Je l’annonce tout de suite: je n’ai pas la solution ! Mais je trouve votre postulat de départ biaisé :-)

La seconde, c’est que les “anti-hadopi”, par leurs propos sur les forum, sont le meilleur argument “pour” Hadopi.

Les “anti-hadopi” (et sa version précédente, le nom m’échappe, je ne me souviens que du nom du ministre, c’était “DDV” comme de mémoire Donnadieu de Vabre) n’ont de cesse d’expliquer que le peer to peeer est utile pour mettre à jour Linux et telle version de tel jeu.

Mais quand on regarde froidement ce qui proposé sur les réseaux P2P, soyons honnêtes une seule seconde, à 99,99% ce ne sont que des films et des chansons.

Donc, soit ils mentent, soit Linux n’a pas de serveur ftp. Bizarre, j’ai téléchargé un linux “pour voir” sans passer par le P2P…

Là où ni votre captivant et illustré article, ni moi-même, ne savons répondre, c’est - la distribution étant “zappée” par l’Internet - : comment rétribuer l’artiste, avec ses auteurs, compositeurs, “arrangistes”, instrumentistes voire musiciens, mixeurs, techniciens, et un minimum indispensable de publicité ?

Autre soucis: comment déterminer la valeur d’une œuvre, quelle qu’elle soit.

J’ai détesté le film que vous avez adoré, j’ai adulé l’artiste que vous n’aimerez jamais. .. Pour moi tel groupe ou film vaut 1 centime ou 20 euros par œuvre, pour vous ce sera l’inverse… etc. . L’actuelle solution intermédiaire/au pourcentage forfaitaire est “la moins pire” (j’utilise ce terme car acheter un disque de Tartempion qui va contribuer au résultats financiers de telle “boite de prod” qui s’occupera ainsi de tel artiste que je déteste, c’est très paradoxal ! ).

Enfin, parlons des excellences et des dégâts d’internet: l’Internet a des excellences que nous connaissons tous (concurrence, contenus, etc. etc.). Mais les dégâts sont aussi là où l’on en parle pas. Un exemple, la suppression de 600 emplois chez British Airways car maintenant, on peut s’enregistrer en ligne (il y a 100 autres exemples).

Le téléporteur / la “photocopieuse universelle” n’existent (malheureusement) pas, et ça, c’est réel.

Bon, que fait-on ? :-)

En effet, ton analyse n’a pas grand chose d’original. Google et consors avaient fait l’analogie avec l’apparition des bateaux à vapeur rendant obsolètes les bateaux à voile. D’autres avaient déjà évoqué les téléporteurs et autres outils de duplication ou de création spontanée et gratuite d’objets. Cependant, elle a le mérite d’exprimer en d’autres mots des idées qui ont du mal à passer auprès des lobbys qui tentent en vain de défendre des industries qui n’ont pas voulu, su, ou eu le temps de s’adapter.

Ce que je retiens, dans cette révolution, est que la dématérialisation des supports qui nous servaient alors de DRM, comme tu le notes, appartient au passé, car on ne peut bâtir un modèle économique fiable en rendant artificiellement cher ce qui ne l’est pas en réalité.

Le modèle économique à retenir, dans le domaine de l’immatériel, est donc celui du service. Les artistes le connaissaient déjà bien avant l’apparition du CD ou du DVD. On appelait ça alors « concert » et autres « théâtre ». Certes, cela demande plus de travail de faire des concerts cinq fois par semaine qu’un unique enregistrement dupliqué par des machines. Mais la répartition des richesses est peut-être plus rationnelle et équitable. En effet, pourquoi un ingénieur du son travaillant sur un concert est payé à chaque représentation, alors qu’il ne touche pas de royalties suite à l’enregistrement d’un disque ? Qu’il soit ingénieur du son ou chanteur, le travail fourni, en termes qualitatifs ou quantitatifs ne change pas selon le modèle économique, alors pourquoi l’un, sous prétexte de DRM et autres droits artificiels (comme le droit d’auteur en général) gagnerait plus que l’autre ?

®om

@Chester

- votre postulat de départ (la duplication illimitée, dont les billets de banque, suivi du risque de mettre au chômage les salariés des compagnies aérienne si on se téléporte) est faux ! En effet, peu importe que les salariés de la SNCF ou Air France soient au chômage du fait de la concurrence de « téléporteurs » dupliqués gratuitement, puisqu’en même temps, dans vos exemples, les billets de banque deviennent « répliquables ». Donc, en soit, le chômage n’existe plus, puisque l’ensemble des biens, même l’argent, est indéfiniment et gratuitement clonés. Donc plus besoin d’argent, donc plus besoin de travail :-)

(je me permets de te tutoyer, n’y vois là aucun manque de respect, c’est souvent l’usage sur les forums et les blogs, tu peux bien sûr en faire autant - et puis si j’en tutoie certains et que j’en vouvoie d’autres, je ne vais pas m’en sortir)

Ce que tu mets en évidence, c’est que l’analogie de la duplication et téléportation des objets matériels modifierait encore plus la société que la “révolution numérique”, qui ne s’applique que sur les des contenus “dématérialisés”. Et je suis d’accord, quand on y pense, ça donne le vertige, tellement les règles de base seraient modifiées. Des problèmes d’un autre ordre seraient à résoudre, comme la possibilité offerte à chacun de clôner un humain instantanément, la possibilité de se téléporter à l’intérieur de la maison de n’importe qui, etc.

Mais le cas qui nous intéresse, heureusement, ne pose pas tant de problèmes.

@Chester

Les « anti-hadopi » […] n’ont de cesse d’expliquer que le peer to peeer est utile pour mettre à jour Linux et telle version de tel jeu.

Le P2P n’est qu’une technologie permettant l’échange de fichiers entre individus et la diffusion massive. Que ce soient des distributions GNU/Linux (que je récupère souvent comme ça, bien plus efficace pour tout le monde), de la musique libre, des mises à jour de serveurs pour les entreprises (comme Twitter) pour diminuer les coûts, ou de la musique “protégée”, peu importe. C’est une technologie formidable qui répond à bon nombres de problèmes (notamment de passage à l’échelle). Je ne vois pas en quoi il serait acceptable de l’interdire (ce qui au passage entraînerait une recentralisation d’Internet, ou du moins qui interdirait l’acentralisation, le transformant un peu plus encore en Minitel). Ce serait comme interdire l’échange de clés USB entre individus sous prétexte qu’ils s’échangent souvent de la musique “protégée”…

@Chester

Autre soucis: comment déterminer la valeur d’une œuvre, quelle qu’elle soit.

J’ai détesté le film que vous avez adoré, j’ai adulé l’artiste que vous n’aimerez jamais. .. Pour moi tel groupe ou film vaut 1 centime ou 20 euros par œuvre, pour vous ce sera l’inverse… etc. . L’actuelle solution intermédiaire/au pourcentage forfaitaire est « la moins pire » (j’utilise ce terme car acheter un disque de Tartempion qui va contribuer au résultats financiers de telle « boite de prod » qui s’occupera ainsi de tel artiste que je déteste, c’est très paradoxal ! ).

Cette question est très intéressante, et elle me semble centrale dans une proposition comme la SARD :

En principe, les internautes verseraient de manière obligatoire par l’intermédiaire de leur FAI une somme collectée par la SARD, qui serait ensuite répartie selon des clés déterminées non pas par sondage et par volume de consommation, mais par appréciation des œuvres par les internautes. Ces derniers auraient en effet la charge de voter pour les oeuvres qui méritent selon eux rémunération, à charge pour les auteurs et les éditeurs de fournir l’identifiant de l’œuvre.

Dans la contribution créative, c’est plutôt “à l’audience” qu’à l’appréciation, ce qui se défend également.

@Chester

Enfin, parlons des excellences et des dégâts d’internet: l’Internet a des excellences que nous connaissons tous (concurrence, contenus, etc. etc.). Mais les dégâts sont aussi là où l’on en parle pas. Un exemple, la suppression de 600 emplois chez British Airways car maintenant, on peut s’enregistrer en ligne (il y a 100 autres exemples).

Toute avancée technologique rendant obsolète un ancien marché “fait des dégâts” chez ceux qui en faisaient un business. Comme tu dis, il y a 100 exemples, le marché des calèches lors de l’arrivée des voitures, les agriculteurs remplacés par des machines plus performantes, la lampe à huile par l’ampoule électrique, ou plus récemment la pellicule photo remplacée par les appareils photos numériques, permettant à chacun de prendre des photos gratuitement…

La question est alors : faut-il faire des lois pour empêcher le progrès dans l’intérêt d’un marché particulier, ou pour le favoriser dans l’intérêt de tous ?

Alain

Les analogies sont intéressantes, mais je pense quelles ne vont pas assez loin et du coup le raisonnement est biaisé :

Le téléporteur : oui, cela rendrait inutile la sncf, air france et les autres (voitures inutiles, rues, etc etc) supprimant du coup beaucoup d’emploi. Ça modifierait en profondeur la société, pas a cause de ces pertes d’emplois, mais parce que n’importe qui pourrait aller n’importe où, n’importe quand. A la limite, dans les changements apportés a la société, la perte des emplois serait presque un ‘détail’. Je pense que l’analogie n’est pas bonne.

Concernant le ‘duplicateur d’objets’, c’est beaucoup plus pertinent et montre justement le fond du problème de la copie des œuvres. Pouvoir copier des pièces et billets est anecdotique et sert juste a frapper les esprits. De nos jours, l’argent est virtuel, ce problème a déjà sa solution.

Par contre, ce dont ne parle pas l’article (en favorisant le téléporteur), c’est qu’un tel système stopperait pratiquement toute innovation, toute recherche, tout progrès ! En effet, a quoi bon développer un nouveau modèle de voiture plus ceci et moins cela, etc etc… si c’est pour qu’il soit copier a des millions d’exemplaires sans que son créateur/inventeur n’en rapporte le moindre bénéfice ?

Par contre il peut très bien intégrer a sa nouvelle voiture un lecteur biométrique lié a un système de communication qui n’autorisera la voiture a fonctionner que pour les gens qui ont une copie “autorisée”… ca s’appelle les DRM…

Attention, je défend pas Hadopi ou les DRM… je veux juste dire que le problème est plus compliqué.

Le problème ‘Hadopi’ est bien plus ancien qu’internet. Le problème c’est que les distributeurs enfument les créateurs depuis toujours. Ils ont un pouvoir que les artistes n’ont pas en usent et en abusent.

Pour la musique et le livre je pense que la solution est assez simple et va s’imposer d’elle même : les distributeurs sont des morts en devenir. Les auteurs n’ont plus besoins d’eux, ils ont accès direct au consommateurs, il faut juste un peu de temps pour que tout se mette en place.

Pour le cinéma c’est beaucoup plus compliqué vu les moyens a mettre en œuvre, mais il reste encore la ‘magie’ de la salle de cinéma, qui il me semble attire toujours plus de monde. Donc, à la limite, c’est un faut problème, la copie les empêche juste de se gaver un peu plus. Et ils ont toujours la possibilité (déjà largement exploité) de coller de la pub dans les films (pas des coupures pub, mais intégré au film)

frnet

Mais Internet a fondamentalement redéfini les règles : il a clairement séparé œuvre et support

C’est plutôt l’informatique qui a permis ça. Internet n’est arrivé qu’après et a amplifié ce phénomène.

Ton billet est très clair mais il soulève plus de questions chez moi que de réponses.

Mais Internet a fondamentalement redéfini les règles : il a clairement séparé œuvre et support

Effectivement, mais quid du rôle des fournisseurs d’accès Internet et des possesseurs de tuyau? Finalement le nouveau support ne serait-il pas les tuyaux, certes l’oeuvre c’est dématérialisées, mais ne repose-t-elle pas sur un nouveau support : le fichier sur nos disque dur. Évidemment je partage ton avis critique sur Hadopi et les positions du gouvernement contestables (et surtout à côté de la plaque) mais il faut se poser certaines questions : à qui revient l’argent sur Internet? Si un artiste délivre sa création sur internet : il doit financer son hébergeur, se mettre sur une plateforme (et donc la plateforme web vivra de son contenu sans y avoir participé), faire des concession en mettant de la publicité sur sa page ou dans son livre web… bref, la société que l’on rêve est-elle réalisable ou l’utopie que l’on développe ne favorise-t-elle pas une numérisation d’un modèle de l’ancienne économie en la faisant passer pour nouvelle simplement car ce sont des nouveaux acteurs. Un peu brouillon et nuageux tout ça mais c’est une réaction à chaud ^^

@Powanono : tu as parfaitement raison quand tu dis que le nouveau support est le fichier sur le disque dur. C’est le “support-récepteur” (avant c’était un DVD ou une cassette audio), mais pas le “support-émetteur” (avant c’était le CD ou DVD physique).

Aujourd’hui, en ce qui concerne le “récepteur”, les taxes sont déjà payées - taxe/copie privée par ex. - donc le consommateur lui, est “en règle” financièrement parlant.

C’est au niveau de l’ “émetteur” que tout a vraiment changé. Si tu achètes un morceau de musique sur Itunes (par exemple), ce que tu achètes c’est un fichier dématérialisé qui va s’installer sur ton disque dur (disque dur que tu as acheté auparavant). Il n’y a pas de boitier, de pochette, de livret ou autre chose avec ton fichier. Pourquoi donc paierais-tu le même prix que si tu avais acheté le morceau en single CD (je sais même pas si ça existe encore ce truc) ?

Le prix peut encore baisser (1.29€/morceau en moyenne sur Itunes, 0.10€ pour l’artiste ou un truc dans le genre) si on se dispense de passer par un distributeur, en achetant directement sur le site de l’artiste. Encore mieux, encore moins cher, et l’artiste est réellement rétribué (100% du prix de vente) : en tous cas, bien mieux qu’en passant par un distributeur.

Enfin, il y a carrément la musique “offerte” par l’artiste, lequel propose par exemple de lui faire une donation via un paiement paypal ou autre. Et ceux qui s’auto-produisent ou se font produire par les internautes.

Ce que je veux dire par là, c’est que les modèles économiques existent. Mais les majors du divertissement n’en veulent pas, car ce serait faire un trait sur leurs revenus colossaux. A la place, ils préfèrent s’enliser dans un modèle qui n’est plus viable, à coup de lobbyisme exacerbé auprès des politiques, de manière à mettre en place des lois inutiles et exagérées - comme par exemple, pourquoi pas, couper la connexion d’un internaute parce qu’il a téléchargé le dernier céline dion sans payer ? C’est pas exagéré ça ? Oh mon dieu, ils ont tué Kenny !

Bref, une erreur stratégique énorme qui leur coûtera leur existence même, car à terme, et sans changement radical, ces majors disparaîtront, et tout le monde en sera ravi, notamment les artistes qu’ils rémunèrent avec les pieds et dont ils pompent la rentabilité jusqu’à la dernière goutte.

Le prix peut encore baisser (1.29€/morceau en moyenne sur Itunes, 0.10€ pour l’artiste ou un truc dans le genre) si on se dispense de passer par un distributeur, en achetant directement sur le site de l’artiste. Encore mieux, encore moins cher, et l’artiste est réellement rétribué (100% du prix de vente) : en tous cas, bien mieux qu’en passant par un distributeur.

Enfin, il y a carrément la musique « offerte » par l’artiste, lequel propose par exemple de lui faire une donation via un paiement paypal ou autre. Et ceux qui s’auto-produisent ou se font produire par les internautes.”

Oui mais, l’artiste par de nouveaux intermédiaires : hebergeurs, plateforme, régie pub web pour se faire connaître parfois. Parfois, de nouveaux intermédiaires vivent sur le contenu de l’artiste : les stratégies des plateformes par exemple qui ne font reposer leurs modèles économiques sur la pub et vivent du trafic généré par le contenu crée gratuitement par l’artiste sans forcément le rémunérer àa sa juste valeur (je ne parle bien évidemment pas de l’énorme arnaque comme mymajorcompany, peopleforcinéma et autres illusions de participations).

Alors, certes l’artiste peut survivre en créant son propre site, son compte paypal etc. mais quel type d’artiste? l’artiste geek? De plus quelle visibilité pour un artiste qui distribue ses mp3 sans vraiment de visibilité? Doit-il être forcé de faire du “buzz” et trouver un concept de la mort qui tue pour être visible (en en oubliant la musique…).

j’ai l’impression que si un artiste veut exister sur Internet, deux choix s’offrent à lui :

  • être un Geek et tout maitriser : de la technique web aux techniques du marketing (et parfois il en oublie la musique…)
  • repasser par de nouvelles médiations (webmaster, marketeux, plateforme de téléchargement, maintenance, hébergement) et donc un nouveau système de diffusion similaire à l’ancienne.

J’ai tort? :/

Non, tu as parfaitement raison je pense. Je tentais juste de mettre en évidence quelques possibilités de modèles économiques. Évidemment, je ne prétends pas trouver, moi, la solution. Ce n’est ni mon rôle ni ma responsabilité.

Effectivement, il y aura toujours des “intermédiaires”, quel est/sera leur niveau de participation et de rétribution ? Déjà, il faudrait qu’ils soient indépendants de la SACEM, ou encore mieux, que la SACEM disparaisse, car c’est elle qui “gère” la rétribution des artistes : et quand on voit que les mieux rémunérés ne représentent que 5 % des artistes et que les 95 % restants crèvent la dalle… Il y a un gros problème.

La solution “parfaite” qui ferait que tout le monde serait content, et les artistes et les consommateurs, comme je le disais plus haut, je ne l’ai pas, je ne sais même pas si elle existe. Ce qui est sûr par contre, c’est que la politique commerciale menée actuellement par les acteurs du secteur du divertissement va droit dans le mur.

Je ne suis pas pour le “tout gratuit”, mais ça s’en rapproche pas mal au fur et à mesure que je vois toutes les lois absurdes et irréalistes qu’ils nous pondent (DADVSI, Hadopi, Loppsi, ACTA…). Ils ne veulent pas évoluer alors que la société, elle, continue d’avancer.

Intéressante réflexion ! On soulignera aussi le mépris et l’incompréhension d’une grande partie de la classe politique envers Internet et les internautes (ces êtres inférieurs dont il ne faut pas tenir compte dixit une députée UMP : http://www.numerama.com/magazine/12364-marland-militello-ce-qui-compte-en-democratie-ce-sont-les-concitoyens-pas-les-internautes.html)

Stouph

Merci pour cet article qui s’il ne montre pas de concept nouveau pour moi a le mérite d’être clair et bien posé :)

Et j’apprécie également tous les commentaires construits qu’il a recueilli, le débat est vraiment intéressant. Il contribue à développer des idées / contre-idées, un peu comme on déroule une pelotte de laine…

J’en suis arrivée à une idée saugrenue :

Il faudrait des sociétés qui emploient les artistes pas comme les majors (qui exploitent les artistes) mais plutot comme les ingénieurs en recherche et developpement.

I.e. les artistes de tout poil ont un salaire fixe, une retraite la possibilité de travailler en équipe… l’employeur pourrait être l’état ou des sociétés privés (cf. la recherche et la R&D dans les grosses boîtes). la personne reste propriétaire de son original (cf la peinture) ou peut choisir de le vendre.

La copie standard est gratuite. Toute personne qui le souhaite peut contribuer à la création. (via une page perso par exemple identifié grâce à OpenId).

La copie personnalisée est payante (ex dédicace, shortcut etc…)

Ca rejoint un peu ce qui se fait dans le cinéma ou dans le théatre, c’est un peu à mi-chemin entre tout ça…

Bref c’est certainement bête et il doit y avoir plein d’arguments contre, mais justement, je n’attends que ça pour enrichir le débat ^^

Et pour répondre @Alain : “En effet, a quoi bon développer un nouveau modèle de voiture plus ceci et moins cela, etc etc… si c’est pour qu’il soit copier a des millions d’exemplaires sans que son créateur/inventeur n’en rapporte le moindre bénéfice ?”

Oui mais je trouve que justement cette course au fric dans les pays occidentaux est fatiguante. Einstein est-il mort richissime ? et pourtant, il a certainement contribué à bien plus d’inventions que l’on peut imaginer … donc quelque part l’important pour moi est d’assurer les moyens de vivre décemment à nos créateurs pour que la création puisse continuer et progresser. L’idée que créateur = crésus est véhiculée par les majors et les émissions comme la Star Ac. Les petits artistes qui signent, se rendent vite compte que ceux qui deviennent crésus sont les majors. D’ailleurs dans l’ingénierie, c’est rarement le créateur (l’ingénieur) qui est rémunéré en général c’est plutot l’entreprise qui en retire les bénéfices. (cf; les chercheurs de médicaments par exemple … ce sont sanofi et consort qui gardent tout le bénéfice… )…

Donc ne faudrait-il pas considérer enfin la création comme un métier à part entière ?

Aleborn

Vous avez évolué dans votre approche (du “piratage c’est mal mais impossible à empêcher” à “le piratage n’est que l’usage commun des œuvres, il faut juste trouver un moyen nouveau de financer la création”), mais à mon avous n’avez pas terminé cette évolution.

Beaucoup des moins de 25 ans (je ne connais pas votre âge, pardonnez donc ma généralisation) ont raté ce qui s’est passé pour l’industrie du logiciel (autrement plus importante que celle du divertissement, à la fois en termes de chiffre d’affaire et même, osons le dire :), d’amélioration de l’humanité!) il y a 20 à 30 ans, alors qu’elle était confronté exactement à la même problématique.

La solution, qui a mis du temps à se mettre en place mais dont tout le monde peut constater qu’elle marche globalement bien aujourd’hui, n’a pas été de “décorreler le financement de la vente unitaire de copies”. Au contraire, une très large partie du chiffre d’affaire du logiciel est toujours liée aux licences unitaires.

Par contre, la vente par disquette/CD a totalement disparu. Il y a maintenant beaucoup de modèles économiques validés dans le logiciel, correspondant à la segmentation naturelle de cette industrie. Cela va de l’open source payant aux solutions gratuites fermées, en passant par des licences flottantes, illimitées ou à l’usage, le support seul payant, le développement à façon, le sponsorisé, le “freemium”, c’est-à-dire le gratuit avec options “premium”, etc.

Vous avez raison sur le principe du découplage matériel de distribution / copie, mais, avec tout le respect qu’inspire votre texte fort réfléchi et bien écrit, je pense que vous faites fausse route sur la “décorrélation”. Bien au contraire, pour maintenir une création, il faut une corrélation forte entre la qualité (en l’occurrence dans le divertissement, le talent, l’investissement, le temps passé, la compétence, etc.) et le retour financier.

L’industrie logicielle propose des pistes validées par le temps, que le divertissement, les majors et les législateurs seraient bien inspirés de … pirater!

Artiste

Ce n’est pas l’argent qui motive un artiste, s’il a la chance d’être parmi la shortlist des artistes rétribués pour leurs oeuvres c’est du bonus.

Si les oeuvres sont diffusées à la plus large audience possible, le message de l’oeuvre tend à devenir universel, et c’est le but ultime.

Ce qui est copié devient MAINSTREAM et c’est le MAINSTREAM qui est copié. Le serpent se mord la queue.

Le mainstream est omniprésent, seuls quelques initiés consomment les oeuvres réellement créatives et porteuses de sens. Les droits d’auteurs ne sont pas éternels, seul le message de l’oeuvre l’est.

Il ne faut pas restreindre l’accès à la culture, c’est par la culture que passe l’émancipation. Pénaliser les pirates, c’est prouver que l’ordre étatique veut régner sur nos consciences ! Nous sommes libre, c’est l’Art qui nous a libéré. Continuons de partager, de copier, d’évoluer !

Nemesis

Partager. Copier. J’ajoute que le partage et la copie font partie de l’humanité depuis les tréfonds de notre histoire.

Que serait devenu l’homme si les techniques comme le feu ou le silex n’avaient pas pu être copiées et partagées?

Que serait devenu l’homme si la transmission du savoir avait été interdite?

Que serait devenu l’homme si ses chants, ses histoires, ses légendes, ses fables, sa spiritualité n’avait pas été partagée de proche en proche afin d’éveiller sa conscience?

Comment arrêter quelque chose d’aussi naturel et vital à la prospérité de notre espèce?

Certes on peut opposer qu’entre la découverte du feu et la dernière chanson de la dernière star de télé réalité, ce n’est pas aussi essentiel à notre espèce. Mais je veux bien dire par là, non pas que quelques découvertes particulières ont permis à notre espèce d’être celle qu’elle est aujourd’hui, mais que c’est de ce mécanisme de partage et de copie que toutes les découvertes qui ont fait avancer l’espèce (fut ce un tout petit peu) ont pu naître et se répandre parmis nous. (et sans découverte/maitrise de l’électricité, va inventer l’ampoule ou la télévision)

®om

@Aleborn

La solution, qui a mis du temps à se mettre en place mais dont tout le monde peut constater qu’elle marche globalement bien aujourd’hui, n’a pas été de « décorreler le financement de la vente unitaire de copies ». Au contraire, une très large partie du chiffre d’affaire du logiciel est toujours liée aux licences unitaires.

C’est effectivement comme cela que certains logiciels se vendent. Ces logiciels vendus par “licences unitaires” sont quasiment par définition “propriétaires”. Ils restreignent les libertés des utilisateurs, enfermant le plus souvent leurs données dans des formats fermés, ou pire, instaurant une surveillance et un contrôle total sur leurs actions, faisant fi des libertés individuelles (j’en parlais récemment dans un billet à propos de l’iPad, mais le problème existe aussi chez les concurrents).

Il y a clairement un conflit entre les libertés individuelles (en particulier la liberté d’expression, mais également ce que j’appelle la liberté d’utilisation) et les modèles économiques (dits “anciens”) qui interdisent la copie. En effet, interdire la copie, c’est interdire le partage et la diffusion (au passage, c’est dommage pour une œuvre qui ne vit que lorsqu’elle est diffusée). Pire, mettre en place des mesures anti-copie telles que les DRM, c’est interdire l’accès non contrôlé par une autorité. La lecture d’un contenu numérique n’étant rien d’autre qu’une copie (d’une zone mémoire à une autre), en interdisant la copie, on interdit en même temps la lecture, sauf si on impose à l’utilisateur de perdre une partie du contrôle de sa machine pour y installer des systèmes de surveillance et de contrôle “contre lui-même” (fondamentalement incompatibles avec le logiciel libre, qui permet au contraire de donner le contrôle à l’utilisateur).

@Aleborn

Par contre, la vente par disquette/CD a totalement disparu. Il y a maintenant beaucoup de modèles économiques validés dans le logiciel, correspondant à la segmentation naturelle de cette industrie. Cela va de l’open source payant aux solutions gratuites fermées, en passant par des licences flottantes, illimitées ou à l’usage, le support seul payant, le développement à façon, le sponsorisé, le « freemium », c’est-à-dire le gratuit avec options « premium », etc.

Parmi les modèles que tu cites, seuls ceux qui n’interdisent pas la copie et la diffusion (donc ceux dont le financement et la vente unitaire de copies sont décorrélées) respectent les libertés des utilisateurs.

Économiquement, restreindre les usages est certainement viable, et “ça marche globalement bien aujourd’hui pour les logiciels” (vu le nombre de produits Apple écoulés, il serait difficile d’en douter), mais c’est catastrophique au niveau des libertés individuelles.

Après, c’est un choix politique : la “liberté de contrôler la population pour préserver un modèle économique basé sur la vente de copies” est-elle supérieure aux “libertés individuelles” ? Ça se discute. Mais j’ai une légère préférence.

On peut aussi considérer que la “liberté informatique” est sans importance, que ce n’est qu’une volonté de geeks. J’aime bien cette citation de Stallman à ce sujet :

Toutes les libertés dépendent de la liberté informatique, elle n’est pas plus importante que les autres libertés fondamentales mais, au fur et à mesure que les pratiques de la vie basculent sur l’ordinateur, on en aura besoin pour maintenir les autres libertés. Profitant de la faiblesse de la démocratie contemporaine, les grandes entreprises sont en train de prendre le contrôle de l’État, ce sont elles qui contrôlent les lois, pas les citoyens.

Je suis peut-être trop rentré dans les détails, mais pour résumer, il faut un équilibre entre les droits des créateurs et les droits du public, et associer le financement et la vente unitaire de copies déséquilibre totalement ces droits. Restreindre les droits du public est peut-être économiquement rentable pour les distributeurs (cf Apple), mais elle ne me paraît pas juste (ni pour les utilisateurs, ni pour les créateurs).

@Aleborn

je pense que vous faites fausse route sur la « décorrélation ». Bien au contraire, pour maintenir une création, il faut une corrélation forte entre la qualité (en l’occurrence dans le divertissement, le talent, l’investissement, le temps passé, la compétence, etc.) et le retour financier.

Le retour financier dépendant de la qualité n’implique pas l’association du financement de l’œuvre à la vente unitaire de copies. Les modèles alternatifs proposés le prennent en compte : soit ce “retour financier” se fait par popularité, soit par appréciation. Mais pas par nombre de ventes de copies.

@Aleborn

L’industrie logicielle propose des pistes validées par le temps

Dans l’absolu, il me paraît préférable que le “retour financier” dépende de la qualité. Mais pour reprendre l’analogie avec les logiciels, cette dépendance n’est pas forcément respectée : les logiciels libres rapportent sans doute moins d’argent à leurs auteurs que les logiciels propriétaires, pourtant, leur qualité n’est plus à démontrer. D’ailleurs, Internet quasiment tout entier repose sur des logiciels libres. Ce n’est pas un troll, je ne dis pas que tous les logiciels libres sont meilleurs que tous les logiciels propriétaires (ce qui est évidemment faux), mais les logiciels libres permettent (par construction) l’interopérabilité et la réutilisation, ce qui évite de réinventer la roue (ou de payer pour réutiliser la roue), et donc favorise l’amélioration “globale” de l’informatique (et oui, osons le dire :), de la société).

Alain

@Stouph et @Artiste :

Quand je dis en tirer un bénéfice, c’est pouvoir en vivre… pas devenir milliardaire, juste vivre ! Je ne parle pas de course au profit !

La création artistique est un métier, mais pas comme les autres. Un salarié lambda, même chercheur est soumis a un devoir de résultat. On ne peut demander ca a un artiste.

Par contre le mécénat a déjà bien fonctionner et peut a nouveau fonctionner…

Xavier

Romain :

Je vous recommande principalement, si ce n’est pas déjà fait, la lecture du livre Confessions d’un voleur, écrit par Laurent Chemla en 2002, mais qui est on ne peut plus d’actualité.

Beau billet, et jolie illustration immédiate avec la licence de Confessions d’un voleur :-)

Artiste

Le logiciel libre est créé par une communauté bénévole extensible qui use de son temps libre, le logiciel propriétaire est fabriqué en huis-clos par quelques paires de créateurs salariés sous contrat de confidentialité. D’autres logiciels sont fabriqués pour être des oeuvres d’art (Projet WebStalker browser).

Ces 3 exemples possèdent un modèle économique différent. Aucun d’entre-eux ne conteste le mode de retour financier qui en découle, en toute connaissance de causes. Chacun d’entre-eux est fabriqué par des auteurs. Ils ont tous un devoir de résultat et tous sont copiés.

Un logiciel existe parce qu’il fonctionne, parce qu’il est destiné aux utilisateurs.

Certains logiciels privés sont gratuits (les navigateurs internet..), certains logiciels libres sont payants (RedHat Enterprise..), utiliser le art-software “webStalker” est gratuit mais il faut la plupart du temps disposer d’un matériel payant pour l’utiliser.

Ne pas confondre “Libre” et “Gratuit” pour s’y retrouver.

Lire : “Free !” de Chris Anderson (http://www.wired.com/techbiz/it/magazine/16-03/ff_free?currentPage=all), inventeur de la “Longue traîne” et prédicateur de la mort du Web tel que nous le connaissons actuellement.

davlefou

Sans conteste possible, Hadopi est un connerie anachronique.

Le marché actuelle de la musique est déconnecte de la réalité, aussi en terme de prix que en terme de produit. Il est de type communiste, tout les cds quelques que soit les auteurs sont au même prix. Hors nous allons voir un diversification du marche, beaucoup de mini, voir micro label et une desintermédiaire du marché, donc des ventes directe de petit volume. Hors le réseau et processus de production est uniquement conçue pour des blockbuster, cet ére est fini. Les gens cherchent des produits plus personnalisé, moins grand publique, mais aussi jetable. Donc des petits prix ou des produits de luxe. Il faudra soit vendre des cd pas chére, 2 ou 3 euros, ou biens 20 et 30€ pour des produits micro diffusé à un publique hyper sélectif, un peu comme sur les autre maché(ex voiture, vêtement,…) qui par ailleurs sont également des produits artistique.

Les grands opérateurs vont disparaitre au profit d’un forme de discouteur, musique de masse pas chére, ou de boutique de luxe. Dans tout les cas, ils vont créer un réseau et seront peu pirate, soit à cause de leur faible prix, soit à cause de leur rareté.

Hadopi démontre un seule chose, l’incompétence des gens, maison de disque, députer, fonctionnaire, ministre,….

On va devoir changer de république, d’organisation législatif et social, on ne peut pas continuer à payer grassement des bons à riens!!!!

[…] très bon petit article d’un blogueur qui explique les vertues pédagogique de l’Hadopi : grâce à cette loi, […]

[…] Pendant qu’on parle de l’usage que font nos chères têtes blondes (et nous) d’Internet, se pose une angoissante question: est-ce que copier c’est voler ? Voici une vison clairement exposée et argumentée, avec des mots simples. […]

Excellent article !

Cette loi HADOPI ne finira jamais de faire couler de l’encre

[…] [®om’s Blog] Tribune: Piratage ou usage commun ?. […]

Guts63

Billet bien illustré et accessible à toutes les consciences !

On parle trop souvent du manque à gagner lié au P2P mais on oubli une chose essentielle, c’est que les internautes qui téléchargent “illégalement” des contenus n’auraient dans la plupart des cas pas acheté légalement le contenu pour des raisons budgétaire et donc pas déboursé un seul centimes pour les artistes ou majors. Alors oui il y a un manque à gagner mais le budget non investis dans les CD/DVD est redistribué ailleurs (cinéma, mais aussi nourriture, FAI, Téléphonie, Gaz-électricité, loyer :s). L’économie ne serait pas perdante si on légalisait le téléchargement ….

HADOPI c’est une belle connerie : j’imagine qu’après HADOPI on aura une loi pour confisquer la voiture d’un citoyen qui se rendait trop souvent chez ces amis pour échanger des données sur clé USB, une loi pour confisquer la nourriture de votre frigo sous prétexte que vous aviez copié une recette culinaire sur le net, une loi pour imposer les molécules d’air que l’on respire car elles sont en libres partage,…. marre de vivre dans une société toujours réprimandée pour des problèmes mineurs et déjà bien assez surtaxée.

®om

À lire également : Sophismes économiques de Frédéric Bastiat (1845 et 1848), c’est très intéressant.

shokin

En tout cas, l’accessibilité à toutes et à tous à des fichiers permet de réduire certaines inégalités sociales.

L’accessibilité gratuite :

  • à des ressources pédagogiques (en pdf, xls, doc, etc.), à des outils didactiques,
  • les forums de discussion, où l’on peut construire un message de manière méthodique, structurée, le corriger, le mettre en page avant de l’envoyer, et qui pourra être lu et profitable à toute personne qui le lira,

Finalement, l’existence de biens (comme les fichiers, les sites) gratuitement accessibles nous permet de nous reposer la question du marchandage, de la propriété. Est-ce que tout bien doit s’inscrire sur le marché, acquérir une valeur monétaire puis un propriétaire ? Quid du bénévolat et de la gratuité ?

Cela permet de ré-envisager le partage y compris pour des biens moins reproductibles (comme les fruits, les légumes, le fromage, les vêtements, etc.) !

[…] Il faut absolument sortir de ce paradoxe, sans quoi aucune solution ne sera satisfaisante. Pour cela, il apparaît au moins nécesssaire de décorréler le financement des œuvres et la vente unitaire de leurs copies. […]

Tim

@Stouf

Un bon moment a passé depuis ton commentaire, et je ne sais pas si cet endroit est adéquat pour parler de cela. Cependant le débat est intéressant, et je ne peux m’empêcher d’y répondre.

J’en suis arrivée à une idée saugrenue :

Il faudrait des sociétés qui emploient les artistes pas comme les majors (qui exploitent les artistes) mais plutot comme les ingénieurs en recherche et developpement.

I.e. les artistes de tout poil ont un salaire fixe, une retraite la possibilité de travailler en équipe… l’employeur pourrait être l’état ou des sociétés privés (cf. la recherche et la R&D dans les grosses boîtes). la personne reste propriétaire de son original (cf la peinture) ou peut choisir de le vendre.

La copie standard est gratuite. Toute personne qui le souhaite peut contribuer à la création. (via une page perso par exemple identifié grâce à OpenId).

La copie personnalisée est payante (ex dédicace, shortcut etc…)

Ca rejoint un peu ce qui se fait dans le cinéma ou dans le théatre, c’est un peu à mi-chemin entre tout ça…

L’idée de départ me semble tout de même inadaptée… Nous parlons ici de création. Peut-on vraiment considérer la création comme étant un métier ? Dans le cas de la musique, peut-on avoir des idées dignes d’intérêt en chaîne ? J’ai toujours considéré qu’artiste ne pouvait être un vrai métier, et que, comme le disait un des commentaires précédents, il faudrait être un vrai génie, un vrai réservoir à idées, pour ne vivre que de ses créations.

Pour l’instant, pour qu’un artiste puisse vivre de ses œuvres, je ne vois qu’une contribution à la création via des sites/plateformes dans ce genre (je ne me suis pas intéressé plus en détail à ce site ne particulier, mais c’est le concept qui m’intéresse ici)

Finalement cela ne changera pas grand chose au système actuel : comme cela a été dit précédemment, seule une élite d’artiste pourra vivre de ses œuvres. A la seule différence que, contrairement à maintenant, la qualité de l’œuvre et l’originalité de l’artiste prévaudront sur l’emballage publicitaire et médiatique autour…

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